La France restera engagé en Afghanistan "jusqu'à la fin", a déclaré l'ancien ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner au secrétaire américain à la défense Robert Gates en janvier 2010, selon une note diplomatique confidentielle révélée par WikiLeaks, rapporte Le Monde du vendredi 4 décembre.
Le quotidien affirme que d'après les documents de WikiLeaks "le message envoyé aux Américains [est que] la France sera en Afghanistan un allié sur la longue durée". Depuis dimanche, WikiLeaks révèle au compte goutte quelques 251.287 télégrammes diplomatiques.
La question de la guerre en Afghanistan reste toutefois sensible en France, Nicolas Sarkozy a tout fait pour ménager l'opinion publique française.
Dans un télégramme du 28 octobre révélé par WikiLeaks, l'ambassade américain explique que "les officiels français ont demandé que les Etats-Unis aident à convaincre l'opinion publique" française que "les alliés ont une influence sur la stratégie civile et militaire".
Nicolas Sarkozy "a été jusqu'à récemment un vrai atlantiste", mais "il cherche actuellement à se distancer des Etats-Unis et à améliorer sa popularité", explique le général Georgelin dans un document daté du 25 novembre.
Aujourd'hui, le contingent français en Afghanistan est de 3.750 soldats.
Hamid Karzaï est "un individu paranoïaque"
Par ailleurs, les Etats-Unis se disent exaspérés par l'omniprésence de la corruption en Afghanistan et par la vision "paranoïaque" du monde de son président Hamid Karzaï, selon d'autres notes diplomatiques américaines publiés par le New York Times. Les Etats-Unis s'inquiètent également du rôle joué par l'Iran en Afghanistan, évoquant notamment des informations faisant état d'un soutien apporté par Téhéran aux insurgés talibans.
Selon une des notes, plus de 190 millions de dollars ont transité depuis l'aéroport de Kaboul vers Dubaï entre juillet et septembre, à l'époque de la réélection de Hamid Karzaï, qui avait déclenché des protestations internationales en raison de soupçons de fraude. Même si l'essentiel de cet argent provenait d'Afghans inquiets pour la stabilité du pays, une des notes diplomatiques souligne qu'Ahmad Zia Massoud, à l'époque vice-président, s'est rendu aux Emirats Arabes unis avec 52 millions de dollars.
Dans les télégrammes diplomatiques, l'ambassadeur américain Karl Eikenberry exprime ses inquiétudes face à l'étendue de la corruption dans le pays et la façon de penser de Hamid Karzaï, adepte de théories du complot. Il dépeint notamment Hamid Karzaï comme "un individu paranoïaque et faible peu familier avec les bases de la construction d'un pays", mais qui se voit comme "un héros national qui peut sauver le pays de la division".
Dans une autre note, l'ambassadeur souligne à quel point il est difficile de "combattre la corruption et de créer un lien entre le peuple et son gouvernement, alors que des responsables clé de ce gouvernement sont eux-même corrompus".
http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/monde/20101203.OBS4119/la-france-restera-jusqu-a-la-fin-en-afghanistan.html
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