mercredi 6 janvier 2016

Les militaires de l'opération Sentinelle tentent de «garder la patate»

Mercredi, un an jour pour jour après l’attentat contre Charlie Hebdo, François Hollande présente ses vœux aux forces engagées dans l’opération Sentinelle. Cette opération militaire, déclenchée au lendemain des attaques de janvier 2015, mobilise environ 10.000 soldats pour prévenir des attentats en France. Sous l’uniforme, hommes et femmes protègent de nombreux points sensibles du territoire, alors que la menace est considérée comme élevée et durable. Plusieurs militaires racontent à 20 Minutes leur quotidien au sein de Sentinelle…
Civils ou militaires, les attaques du début janvier 2015 révulsent. Comme Anthony*, maréchal des Logis de 29 ans engagé dans le 2e régiment du matériel à Bruz (Ille-et-Vilaine) : « Ce n’est pas normal ce qui s’est passé. Cette attaque contre notre pays, c’est comme un 11 septembre en France ». Sa compagnie est rapidement mobilisée. Le jeune homme ressent la « fierté de porter le treillis, d’être là, d’agir
Depuis janvier 2015, Anthony a enchaîné deux missions, alternant des patrouilles mobiles et des positions statiques devant des édifices religieux. « C’est pas toujours évident mais il faut garder la patate », souffle Anthony. Question logistique, les conditions d’hébergement et d’équipement « vont mieux » qu’au début des déploiements de janvier, assure l’armée de terre. Les temps de transports restent parfois longs en région parisienne, mais le logement s’est amélioré, ajoute-t-on.
Participer à Sentinelle, c’est avoir les yeux à l’affût de la menace potentielle, être prêt à réagir. Repérer les colis suspects, faire le lien avec les démineurs… Et même quand on se gèle les pieds. « Le froid, c’est dans la tête », sourit le caporal Radian*, 27 ans, du 1er Régiment de Génie.
« Il n’a pas fait très froid jusqu’à maintenant. Mais à la fin de la patrouille, on est content de se réchauffer avec un café », continue le militaire d’origine roumaine. Béret vert des légionnaires vissé sur la tête, Radian apprécie « le sérieux de la mission. On n’est pas là pour les photos, on est là pour assurer. La plupart des gens sont indifférents, mais certains nous remercient, et il y en a d’autres, des touristes surtout, qui nous demandent des informations ». Mobilisé un temps devant Notre-Dame-de Paris, le jeune homme confie aussi « voir du pays », en plein centre de l’Hexagone.
« S’adapter en permanence » est le maître mot du capitaine Philippe*, du 92e régiment d’infanterie de Clermont-Ferrand. A 30 ans et à la tête de 60 militaires, l’officier enchaîne sa troisième mission à Paris, après avoir été déployé à Lyon et à l’aéroport de Paris-Charles-de-Gaulle. « Que l’on soit en France ou en Opex [opération extérieure], la règle d’or du commandement est la même : S’adapter au lieu et à la mission », rappelle ce capitaine.
Pendant six semaines, ce militaire commande ses troupes. Des hommes et des femmes qui, en période de fêtes de fin d’année, peuvent souffrir de l’éloignement de leurs foyers. « On est à quelques centaines de kilomètres mais d’eux mais on n’est pas là. Pour certains, c’est peut-être plus dur que si on était déployés au Mali », ajoute Philippe.
Quant aux familles, « on essaie de ne pas leur faire vivre notre stress », explique-t-il. Parmi les petites attentions qui font chaud au cœur, il y a ces lettres de lycéens de Clermont-Ferrand, où est basé son régiment. « On a reçu ces lettres, ces jeunes qui nous disaient merci, bravo, courage… Cela fait quelque chose, on ressent l’utilité de la mission. On sert à cela. »

http://www.20minutes.fr/societe/1760911-20160106-militaires-operation-sentinelle-garder-patate

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