Une vingtaine d'anciens interprètes de l'armée française ont manifesté aujourd'hui à Kaboul pour demander des visas et la "protection" de la France face à une situation en Afghanistan qui, selon eux, se détériore de jour en jour.
"On reçoit toujours des menaces. On ne peut pas sortir de la maison, on ne peut même pas aller acheter quelque chose au bazar", a expliqué Abdul Raziq, l'un d'entre eux. "Nous voulons que l'Etat français nous protège" car la situation pour les interprètes "s'aggrave de jour en jour" dans un pays confronté à l'insurrection talibane, a-t-il ajouté.
Depuis le centre de Kaboul, le petit groupe s'est dirigé à pied vers l'ambassade de France, avant d'être rapidement bloqué à un poste de contrôle gardé par des policiers afghans. Trois d'entre eux ont toutefois pu accéder aux portes de l'ambassade et ont échangé quelques mots avec un attaché militaire. Interrogée, l'ambassade affirme que la communication sur cette question revient à Paris.
Selon les manifestants, une centaine de personnes ayant travaillé pour l'armée française entre 2002 et 2014 en Afghanistan n'ont pas obtenu de visa pour la France, alors que quelques-uns seulement ont obtenu le sésame.
En Afghanistan, les forces françaises ont fait appel à près de 800 personnels civils de recrutement local (PCRL). En 2013, après le retrait des troupes de combat françaises, "76 Afghans, dont 60 interprètes" étaient toujours employés par les forces françaises, selon un rapport de la Commission de la défense de l'Assemblée nationale.
Les interprètes affirment avoir reçu, il y a quelques mois, un document leur signifiant la fin du processus de distribution de visas. Et ils demandent la réouverture de ce processus. Par ailleurs, les anciens interprètes dénoncent, selon eux, une discrimination à l'emploi dans leur propre pays. "On ne peut pas trouver de travail car on est tous discriminés", a affirmé Abdul Raziq en affirmant que la mention de leur expérience avec l'armée française sur leurs CV les pénalise.
Selon Momand Daryouch, un autre ancien employé de l'armée française, "l'interprète doit avoir la même valeur que l'arme du soldat parce que nous étions le seul moyen de contact avec la population. On ne peut pas nous laisser comme ça". "On est quelques dizaines seulement à être restés face aux dangers et aux menaces alors que des milliers de personnes viennent en clandestins en France", a-t-il ajouté.
http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2015/03/05/97001-20150305FILWWW00174-manif-d-interpretes-de-l-armee-francaise.php
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