Parce qu’ils n’envisagent pas un seul instant que le «3» puisse quitter Carcassonne, dix anciens chefs de corps du régiment viennent d’alerter le ministre de la Défense par le biais d’une lettre ouverte.
Comme il y a rarement de fumée sans feu, la lettre ouverte que viennent d’envoyer dix anciens chefs de corps du 3e RPIMa de Carcassonne (neuf généraux, un colonel) au ministre de la Défense en dit peut-être long sur l’avenir de ce régiment dans l’Aude…
Daté du 11 septembre, ce courrier, rédigé depuis Castres, entre d’emblée dans le vif du sujet : «Monsieur le Ministre, à la veille des annonces que vous vous apprêtez à faire sur les prochaines dissolutions, les médias se font l’écho de la disparition du 3e RPIMa à plus ou moins long terme. Cette perspective amène les anciens chefs de corps du régiment, cosignataires de cette lettre, à vous demander de bien vouloir réétudier ce choix, même si l’on nous assure que rien n’est encore figé…»
Cette lettre de deux pages consacre un large paraphe aux états de services prestigieux et à l’histoire du «3», créé par le général Bigeard, mais, passé le côté affectif, les conséquences, tant militaires que sociales apparaissent très vite. Ainsi pour le volet militaire les anciens chefs de corps écrivent : «le «3» est un régiment d’infanterie dont l’armée de terre manque déjà cruellement, pour répondre aux défis des engagements futurs. Mais, c’est aussi un régiment polyvalent dans ses modalités d’engagement et dans l’éventail des missions qui peuvent lui être confiées, un régiment à la fois «low cost» et à haute valeur ajoutée. Enfin c’est un régiment d’élite reconnu comme tel par nos alliés. Il est dommage de se priver de ce qui se fait de mieux».
Viennent les conséquences sociales et économiques qui concernent exclusivement la ville de Carcassonne : «Le «3», depuis des années, remplit un rôle social important et souvent ignoré pour la ville de Carcassonne et sa communauté d’agglomération. En effet, de nombreux jeunes parachutistes, par les liens sentimentaux et d’animation sportive, qu’ils ont établis avec une population issue de l’immigration, ont participé à l’intégration et au mixage des communautés. Le «3» tient une place significative dans la vie économique d’une ville et d’un département durement touchés par la crise et qui vivront très mal la suppression de 1 200 emplois directs et de plus de 3 000 emplois indirects».
La masse salariale annuelle dégagée par le 3e RPIMa est de l’ordre de 20 millions d’euros. Dans le contexte actuel ni la ville de Carcassonne, ni son agglomération, ni même le département de l’Aude ne peuvent se priver d’une telle perfusion. Et selon nos informations le temps presse car l’état-major de l’armée de terre aurait rendu sa copie concernant le plan d’économie budgétaire ordonné par Matignon. Le plan de rigueur prévoirait la fermeture de deux régiments de combat, dont celui de Carcassonne pour un départ à Castres, et il serait déjà à la signature sur le bureau du ministre de la défense.
Information ni confirmée, ni infirmée, par l’entourage proche de Jean-Yves Le Drian. «Le ministre ne fera pas de commentaire pour l’instant car les décisions de la réorganisation seront annoncées fin septembre pour la période 2008-2013 et au fur et à mesure, selon les nécessités, pour le nouveau plan 2014-2019». Parions que pour Carcassonne, ville de 50 000 habitants, tenue par un député-maire socialiste, il n’y aura, ni nécessité, ni priorité d’annonce avant les municipales de mars 2014. Mais après…
http://www.ladepeche.fr/article/2013/09/17/1710231-carcassonne-dix-chefs-corps-volent-secours-3e-rpima.html
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