Tour à tour, les gendarmes de la compagnie d'Albi s'entraînent au tir de nuit en forêt sur le site de l'Association sportive de tir Albi-Cagnac. Nous les avons accompagnés.
«Je souhaite à chaque gendarme de ne jamais avoir à sortir son arme durant sa carrière.» C'est le vœu du capitaine Thierry Damerval, commandant de la compagnie de gendarmerie d'Albi. Néanmoins, comme pour tout militaire, c'est une éventualité à laquelle il faut se préparer. «Une situation peut dégénérer très vite, surtout la nuit où les gens qui sont dehors ne sont pas toujours les mieux intentionnés. On s'entraîne pour agir. On agit comme on s'y est entraîné. C'est notre axiome», poursuit l'officier albigeois. Il l'applique en formant également les quelque 90 hommes - et femmes - sous ses ordres au tir de nuit. «La plupart n'en ont jamais fait. C'est une très bonne expérience», dit le capitaine. Les séances ont lieu de nuit, en hiver, en forêt de Saint-Quintin à Cagnac-les-Mines, sur le site de l'Association sportive de tir Albi-Cagnac (Astac). Empruntant l'ancienne voie ferrée Albi-Cagnac, «ce chemin noir» boueux, lugubre, paraît beaucoup plus long qu'en plein jour. Le trajet met dans l'ambiance et on est content de voir les véhicules bleu gendarme à l'arrivée, comme pris d'une peur irrationnelle. «La nuit, la perception est complètement différente», commente le capitaine Yannick Ultréras, adjoint du commandant de compagnie et directeur de tir. Cela fait aussi partie de l'exercice. «Le manque d'éclairage induit un stress. Le tir se fait à la seule lumière des gyrophares, dans les conditions réelles d'intervention nocturne, ce qui entraîne une montée d'adrénaline. Rien que le fait de saisir en aveugle son arme à la ceinture change», complète le capitaine Ultréras.
Chaque gendarme tire à une distance de 3 à 7 mètres sur la cible, comme en situation où il se trouve le plus souvent en état de légitime défense. Utilisant les trois armes de 9 et 12 mm en usage dans la gendarmerie, les tireurs expédient dans la cible dix cartouches.
L'effectif reste derrière une chaîne à l'écart du pas de tir, où seuls les tireurs, quatre à la fois, ont accès. L'adjudant-chef Stéphane Bertrand et le gendarme Luc Cruagnes, instructeurs au peloton de surveillance et d'intervention de la gendarmerie (Psig) d'Albi assurent le rôle de moniteur. Le commandant et son adjoint veillent aussi au grain pour la sécurité, renforcée on l'imagine. Il ne s'agit pas de prendre des risques, encore plus grands de nuit.
Les séances se font en début de soirée, pour ne pas importuner les riverains avec le bruit.
Chaque fois qu'un doigt appuie sur la gâchette, on aperçoit une flamme jaillir de l'arme, comme un chalumeau. C'est ce soir que j'ai compris l'expression «coup de feu».
http://www.ladepeche.fr/article/2013/01/30/1547892-cagnac-les-mines-les-gendarmes-albigeois-s-exercent-au-tir-de-nuit.html
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