lundi 14 janvier 2013

Commando jusqu’au bout

RESPECT
 
Natif du Togo, il a très tôt admiré l’armée française et n’a alors qu’une envie : intégrer ses rangs. En 1977, à 20 ans, son rêve commence à prendre forme. Il s’installe seul en France, étudie ardemment pour obtenir son diplôme de langue et civilisation française à l’université Lyon 2 et décroche plusieurs certificats de formation en mécanique. En 1986, il obtient enfin le précieux sésame : sa naturalisation. Dès lors, rien ne l’arrête. A 28 ans, il fait sans doute partie des plus vieux appelés du contingent du Centre d’instruction des fusiliers commandos de Nîmes. A 30 ans, il intègre l’Ecole de formation initiale des sous-officiers où il fait une nouvelle fois partie « des plus vieux ». L’armée de l’Air lui ouvre définitivement ses ailes : il sera parachutiste.
Recherche de renseignement, mesures actives de sûreté aérienne (Masa, des missions ayant pour but d’intercepter ou de détruire un éventuel aéronef à basse vitesse dont la trajectoire peut le conduire dans une zone interdite), protection d’infrastructures, planification d’exercices et d’entraînements… ces missions seront diverses.
« 26 ans de carrière, 250 sauts, 450h de vol, 14 opérations extérieures... »
Après 26 ans de carrière, Davidz Sodofia, affiche au compteur 250 sauts, 450 heures de vol dédiés aux Masa en tant que tireur ou chef d’équipe de tireurs d’élite, 14 opérations extérieures : du Tchad à l’ex-Yougoslavie, en passant par le Sénégal. Des moments difficiles, bien sûr, il en a connu. Il pourrait parler de la découverte de corps sans vie au Rwanda ou de la première Guerre du Golfe à laquelle il a participé avec en fond sonore les bombardements incessants. Pourtant, il les évoque à peine, avec toute la pudeur de ceux qui savent mais qui ont toujours agi dans l’ombre, sans attendre forcément de reconnaissance. Il préfère se souvenir de cette alerte improbable à Kourou, en Guyane, où, le jour du lancement de la fusée, son équipe doit décoller au plus vite pour détruire un appareil non identifié qui apparaît sur les radars. En l’air, il y a bien une menace mais pas celle attendue : un amas de ballons de baudruche attachés par des fils de fer, souvenir du carnaval de Cayenne.
Au fil du récit de sa carrière, un terme revient à de multiples reprises : l’instruction. « Transmettre son savoir, c’est ce qu’il y a de plus noble. » Il formera au total 1 700 jeunes. Une autre fierté.
Oui, son métier, il l’a aimé profondément. Pendant de nombreuses années, il joue les équilibristes entre son épouse, ses trois enfants et l’institution. Souvent félicité, il est également décoré, notamment de la médaille militaire. En 2011, à 54 ans, il arrive à la limite d’âge de son grade d’adjudant, « sinon, j’y serai encore ». Mais après deux décennies d’engagement, difficile de raccrocher. Pour que la séparation soit moins brutale, il continue à servir dans la réserve opérationnelle. De mars à juillet 2012, il a d’ailleurs été appelé en Guyane. Mais il sait qu’il ne pourra continuer à être réserviste très longtemps. Alors, il se démène et trouve en octobre 2012, un emploi stable dans le domaine de la sécurité à Genève, en Suisse. Cependant, il le sait et le répète le plus sereinement du monde « je serai militaire jusqu’à mon dernier souffle ».
 

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