Les camps de Mourmelon et Suippes accueillent l'exercice Citadel Guibert 2012, une « opération de stabilisation » d'un pays imaginaire.
« Exercice Citadel Guibert 2012 ». Les camps de Mourmelon et Suippes accueillent près de 3 000 militaires venus de 24 pays. Mais, détrompez-vous, en dehors de quelques Famas, dont les chargeurs de balles à blanc ne sont même pas engagés, ces grandes manœuvres, auxquelles participe l'état-major de la 1ère Brigade motorisé de Châlons, se passent par écrans interposés depuis le 7 octobre.
Le scénario, entamé l'an passé, avec l'opération d'entrée en premier sur un théâtre d'opération, se poursuit. Désormais, il convient de fixer le pays Tytan après son conflit avec son voisin Kamon. Au titre de l'Onu et sous mandat Otan, le Corps de réaction rapide-France (CRR-Fr) de Lille doit donc opérer une phase de stabilisation, contenir la crise pour aller au cessez-le-feu. Dans les camps marnais, seuls les postes de commandement, autrement dit les états-majors, ont pris place avec leurs batteries d'ordinateurs, la communication dans les deux sens constituant, depuis le premier conflit de l'histoire, le nerf de la guerre. En théorie, ce déploiement de commandement correspond à 60 000 hommes sur le terrain.
Servant à décrocher la certification de l'Otan, cet exercice regroupe, notamment, en plus du CRR-Fr, déjà composé de 13 nationalités, la 13e Brigade mécanisée néerlandaise et la 16e Brigade parachutiste britannique. Il faut dire que, comme l'a souligné le général Georg Nachtsheim, commandant adjoint et allemand du CRR-Fr : « Plus aucune opération ne se fait en national aujourd'hui ». D'ailleurs, le débonnaire général n'hésite pas à avouer que leurs interventions ont changé.
Sans remonter jusqu'à la guerre froide, les expériences des interventions au Kosovo et en Bosnie ont fait évoluer les actions des militaires. L'Otan a ainsi établi le concept « d'approche globale ». Au-delà de l'aspect sécuritaire, les dimensions économique, sociale, d'information, d'infrastructures mais aussi de religion et de culture sont intégrées. « Nous subissons un changement culturel dans les raisonnements. Aujourd'hui, nous sommes devenus fournisseurs de stabilité », résume le général Nachtsheim.
L'après-conflit
Alors, comme dans cet exercice qui prend fin ce soir, les événements extérieurs, les relations diplomatiques, humanitaires et économiques sont intégrées aux actions purement militaires. Avocats, spécialistes en communication et membres du ministère des Affaires étrangères côtoient les habituels tacticiens militaires. Dans le centre des opérations de l'état-major de la force N°1 de Besançon (EMF1), installé à Suippes, une tente est ainsi occupée par un diplomate du Quai d'Orsay accompagné d'experts civils.
« Dans l'approche globale, l'objectif est de rendre le pays à sa population avec un gouvernement stable et un avenir prometteur », résume le général Nachtsheim. L'aspect économique de l'après-conflit est donc déjà envisagé dorénavant, les entreprises françaises posant plus ou moins officiellement des jalons via leurs experts. « Nous n'attendons pas que le Pnud (programme de développement des Nations Unies) s'installe pour être opérationnels », souligne le diplomate français.
Néanmoins, le préalable demeure la sécurité dans le pays. Et cela passe toujours par le terrain avec, notamment, la 1ère Brigade mécanisée de Châlons. Approche globale ou pas…
http://www.lunion.presse.fr/article/marne/les-militaires-en-exercice-dapproche-globale
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