L'Université d'été de la Défense, dont la dixième édition se tient depuis ce matin à Brest, est la fête de famille de l'univers politico-militaire français. Tous les acteurs de ce secteur - civils, militaires, politiques - s'y rendent pour assister à des démonstrations, participer à des tables rondes, débattre des grands sujets de l'heure.
Alors qu'à Paris quelques dizaines d'experts préparent le futur Livre blanc qui redéfinira les priorités de la Défense française, les grandes thématiques de l'Université d'été de Brest vont recouper certains de leurs centres d'intérêt: les évolutions stratégiques, la capacité industrielle souveraine, la cyberdéfense, les capacités des armées. Mais on parlera également beaucoup d'une thématique qui était un peu passée de mode ces dernières années: le rôle de la Marine ou plutôt des marines dans la posture stratégique de la France.
52 milliards de chiffre d'affaires !
On le sait peu, mais toutes activités confondues, la filière maritime française réalise, bon an mal an, plus de 52milliards d'euros de chiffre d'affaires et fait travailler directement plus de 300.000 personnes. Comme le rappelait l'amiral Emmanuel Desclèves dans un récent numéro de La Revue Maritime, ces entreprises liées à la mer emploient plus de monde que les industries aéronautique ou automobile et si on compte les emplois indirects, «10% de la population active est concernée par les activités maritimes».
Un rôle stratégique
Stratégiquement parlant, le rôle de la mer n'a jamais cessé d'être crucial. Mais la mondialisation a tant accru son importance qu'on parle désormais de «maritimisation». Les flux d'hydrocarbures, de biens de consommation, d'informations, avec les câbles sous-marins, sont indissociables de la liberté de navigation. La piraterie qui sévit dans plusieurs parties du monde ne fait que le confirmer. Les populations vivant dans les franges littorales de la planète s'accroissent chaque jour, tandis que les progrès techniques permettent d'exploiter des fonds marins naguère inaccessibles. On mesure l'importance de ces enjeux avec les tensions se faisant jour dans les eaux du grand Nord, où les nations côtières veulent profiter de la fonte des glaces.
Une Marine digne de ce nom
À Brest, d'où la mer est visible de partout, où les armes de l'apocalypse nucléaire passent régulièrement le goulet, chacun est convaincu de l'importance pour un pays comme la France de disposer d'une Marine puissante. Pour affirmer la souveraineté de notre pays sur le deuxième espace maritime mondial (11millions de kilomètres carrés, soit vingt fois son territoire terrestre), une Marine digne de ce nom est indispensable, de même qu'elle doit être suffisamment performante pour assurer l'ensemble des missions décidées par le politique (dissuasion, sécurité des lignes maritimes, autorité de l'État en mer, actions armées contre la terre,etc.). Celles-ci devant pouvoir s'exercer de manière purement nationale comme dans le cadre de coalitions.
La France peut-elle continuer à agir seule ?
Pour que ce système fonctionne, une base industrielle digne de ce nom est indispensable. Ce sera sûrement l'un des points forts de ces journées. En pointe dans ce domaine, la France peut-elle continuer à agir seule ou doit-elle intégrer son industrie navale militaire dans des alliances capitalistiques avec les chantiers civils nationaux ou avec ses concurrents européens sur fond de raréfaction de la ressource budgétaire et de croissance des coûts? Ministre de la Défense et excellent connaisseur de ce sujet sur lequel il a des idées, Jean-Yves Le Drian s'exprimera sans doute sur le sujet.
http://www.letelegramme.com/ig/generales/france-monde/france/defense-nationale-l-universite-d-ete-aujourd-hui-a-brest-10-09-2012-1832123.php
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire