Du côté de l’armée, on se défendra en disant que ce n’est que l’officialisation d’une décision ancienne qui n’a pas lieu d’être réétudiée dans la rédaction du nouveau Livre blanc de la Défense demandé par François Hollande et annoncée pour la fin de l’année. Sauf que depuis 2008, le précédent Président de la République avait suspendu la dissolution du régiment des artilleurs à la compensation en terme d’emploi du départ de près de 900 militaires (chiffre 2008, près de 300 sont déjà partis). Le compte n’est pas bon, d’où la stupéfaction.
Le Premier ministre n’a pas décidé
Pour beaucoup, l’annonce s’est déroulée en catimini. Le major général de l’Armée de terre au 8 e RA l’a effectuée lundi à l’occasion d’un aller-retour en hélicoptère. « Cette manière de faire est un pur scandale. Je n’ai pas été averti de sa venue pour faire une telle annonce alors que je viens de rencontrer le ministre de la Défense. Ce soldat a, en plus, annoncé une décision qui n’est pas prise. Certes, l’idée existe. Jean-Yves Le Driant, le ministre de la Défense, m’a confirmé l’avoir proposé au Premier ministre qui doit faire un arbitrage. Je m’étonne donc qu’un général, aussi gradé soit-il, puisse valider et annoncer une décision que le Premier ministre n’a pas prise. Le fonctionnaire commande-t-il le politique ? Je vais m’y opposer. Quelle que soit la couleur politique du gouvernement, je me battrai pour une présence militaire à Commercy », explique Bernard Muller, le maire socialiste. Depuis mardi, il mobilise les élus meusiens et active ses relais PS (Jean-Pierre Masseret, Thibaut Villemin, Jean-Louis Dumont).Des lettres argumentées vont arriver sur les bureaux du Premier ministre et de Jean-Yves Le Driant qui a conseillé à Bernard Muller de « se battre ». L’une, cosignée avec le sénateur président du conseil général, Christian Namy, interpelle François Hollande. « Je suis étonné et je ne suis pas d’accord sur la façon : une annonce au milieu du mois d’août. Devant la commission des Affaires étrangères et de l’Armée au Sénat dont je suis membre, l’État-major a dit qu’il ne fallait pas aller au-delà de ce qui a été fait en terme de suppression d’effectifs. Nous allons défendre notre territoire car c’est une catastrophe économique. L’usine Safran ne sera pas opérationnelle avec 400 emplois avant 2017 et elle ne correspond pas à l’engagement de compensation du départ des militaires par autant d’emplois. Le contrat de développement économique de 14 M€, dont une partie est financée par le Département, court jusqu’en 2014, voire 2016. Les engagements du précédent gouvernement ne sont pas respectés et nous entendons qu’ils le soient », insiste Christian Namy.
Appel à la continuité républicaine
Rassemblés comme en 2008 lors de la publication du dernier Livre blanc qui rayait de la carte le 8 e RA, les élus meusiens de tous bords réclament la « continuité républicaine ». Ils s’appuient sur la lettre de Nicolas Sarkozy et s’étonnent que l’État-major s’assoie dessus avec autant de facilité. Le député Bertrand Pancher s’indigne : « Je suis choqué qu’on ne respecte pas les engagements écrits de Nicolas Sarkozy. C’est un coup dur pour un département rural comme la Meuse. Mais je suis à demi-surpris. En observant la politique du gouvernement en terme d’emplois publics (60.000 postes dans l’Éducation nationale), on pouvait s’attendre à un contrecoup sur un plan global, des coupes sombres dans les autres administrations… » Bernard Muller ajoute : « Le contrat de développement instaurait un moratoire. Il n’a jamais été dit que Safran était une compensation au départ du 8 e RA. J’attends de ce gouvernement la continuité et le respect de la parole de l’État. Je demande au Président et au Premier ministre de rendre un arbitrage favorable à Commercy, compte tenu des difficultés du territoire ».http://www.estrepublicain.fr/meuse/2012/08/02/commercy-en-resistance
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