L’adjudant Pascal Wurdig parle de « grand honneur » et se sent privilégié d’autant plus que les places sont chères sur les Champs-Élysées, même pour les Français. Lui l’est à moitié puisque sa mère est une ch’ti mais son léger accent germanique laisse penser qu’il a essentiellement vécu Outre-Rhin.
L’adjudant Semmler, qui habite Strasbourg depuis 2006 (il était auparavant en poste au Corps Européen), mesure toute la chance qu’il a de se retrouver dans moins de dix jours sur « la plus belle avenue du monde », en treillis, G-36 en bandoulière, au beau milieu des légionnaires, chasseurs, marsouins et autres sapeurs. D’ailleurs, le « carré » des soldats du 291 e Jägerbataillon d’Illkirch, régiment rattaché à la brigade franco-allemande (BFA), se trouvera en queue des troupes de l’armée de terre.
S’adapter au pas français…
Depuis deux semaines ces 133 militaires s’entraînent dur sur l’ancienne piste d’aviation de la BA132, dissoute en 2010, devenue depuis le lieu de garnison du régiment de marche du Tchad. Le bataillon allemand et le RMT sont d’ailleurs jumelés ce qui explique la présence des soldats de la Bundeswehr à Meyenheim.Quinze jours d’entraînement, à raison de six heures par jour, cela fait pas mal de va-et-vient sur cette piste perdue au fond du camp, encadrée par des terrains enherbés. Voir ce carré de militaires allemands défiler au son de « Sambre et Meuse », chant militaire français de la fin du 19 e, musique qui sort d’un van roulant au pas, a d’ailleurs quelque chose d’irréel (*).
Le pas justement, ce sera l’attraction de ce 14-Juillet 2012, défilé à plusieurs vitesses. Les chasseurs descendront les Champs à leur rythme (140 pas/mn), plus rapide que ceux du fantassin (120 pas/mn) et du légionnaire (88 pas/mn). Trois pas auxquels on aurait pu ajouter celui des Allemands (114 pas/mn) mais par commodité, ces derniers ont décidé de s’aligner sur le pas du régime général.
Ce n’est pas la première fois que la BFA sera à l’honneur un 14-Juillet. En 2009 déjà, pour ses 20 ans, l’unité binationale avait descendu les Champs et le lieutenant-colonel Lindstedt, actuel chef de corps du 291 e Jägerbataillon, était de la partie. A l’époque, il commandait le 292 e JgBtl, situé à Donaueschingen.
Celui qui quitte son commandement le 9 octobre pour rejoindre le Corps européen ne cache pas sa joie de retrouver les Champs-Élysées, en plus à la tête de son bataillon, un régiment d’infanterie, créé en 2010 à Illkirch et bientôt pleinement opérationnel.
« De loin, c’est pas mal », commente le lieutenant-colonel en scrutant la piste où l’on devine le fameux carré. « On a choisi des soldats physiquement très forts, à peu près de la même taille et sans tatouage sur les bras ». Cette compagnie doit quitter dimanche l’Alsace pour Paris. Les militaires auront encore cinq jours pour peaufiner ce défilé. Cette fois avec les Français.
(*) À voir sur le site des DNA (dna.fr), notre vidéo sur cet entraînement.
Les 44 e et 54 e régiments de transmissions (respectivement basés à Mutzig et à Haguenau) seront également sur les Champs-Élysées. Subordonnés à la brigade de renseignements, ils seront mis à l’honneur à l’occasion du 70 e anniversaire de la création de l’arme des transmissions.
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