samedi 2 juin 2012

Afghanistan : dans les coulisses du départ

La photo du général Bigeard trône comme une icône sur les murs de ce PC discret, déployé dans la poussière parmi une marée de locaux tout aussi sobres, à l’intérieur desquels se tirent les ficelles d’une guerre étrange.

De notre envoyée spéciale en Afghanistan

« C’est notre mentor, nous avons toujours entouré sa famille », résume le lieutenant-colonel Lecubain. L’officier est à la tête du BATLOG « La voie sacrée » (bataillon de logistique) déployé au camp de Warehouse à Kaboul avec 500 hommes. Il est également chef de corps du 516 e régiment du train basé à Toul. 180 Lorrains l’accompagnent dans cette mission autrement plus complexe, qui consiste à orchestrer le ballet de tous les convois empruntant les axes routiers dans le pays. Ce bataillon joue un rôle majeur dans le cadre du désengagement confirmé la semaine dernière par le président de la République aux troupes lors de sa visite éclair en Afghanistan. « Nous assurons le soutien de tous les éléments des forces françaises dans le pays, et acheminons vers les tarmacs le matériel devant être rapatrié en France. A l’heure actuelle, 28 % du volume total a déjà été englouti dans les soutes des gros bras du ciel, les Antonov, et est rentré au pays », explique le colonel. Plus que 500 blindés et environ 900 véhicules à remballer. Un ballet loin d’être terminé, car la surdotation du théâtre apparaît là comme un handicap. Une des plus importantes opérations logistiques menées depuis la Seconde Guerre mondiale se joue en ce moment dans un petit pays d’Asie centrale.

« Un convoi arrêté, c’est un convoi vulnérable »

« Nous nous étions bien préparés à cette mission exigeante qui a la particularité de ne ressembler à aucune autre », poursuit le colonel Lecubain. « D’abord, nous sommes à 6 000 km de Paris ; il n’y a pas de frontière maritime ; les pays voisins ne sont pas favorables au transit, et les contraintes météorologiques sont extrêmes. La température grimpe jusqu’à 70°C dans les camions en été ». La menace représentée par les attaques d’insurgés sur les axes, ou celle plus sournoise, des IED (mines artisanales) glissées sous les roues, est considérée avec le plus grand sérieux. « Tous nos véhicules sont à l’épreuve des balles et sous bulle de brouillage, ce qui écarte déjà le danger des IED radiocommandés. Sur certaines portions de routes, notamment celles où la végétation est plus dense, nous bénéficions d’un soutien des hélicoptères, car un convoi arrêté pour une raison ou une autre, c’est un convoi vulnérable. »
Le BATLOG travaille en fonction de la disponibilité des Antonov. Pour ce qui concerne planning et délais, c’est Paris qui commande. Ici à Kaboul, tous pressentent que le mouvement va s’accélérer. Aujourd’hui, seules deux nations sont engagées dans l’aventure du désengagement : les Etats-Unis et la France.
http://www.republicain-lorrain.fr/france-monde/2012/05/31/afghanistan-dans-les-coulisses-du-depart
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