Un homme vêtu d'un uniforme de l'armée afghane a retourné son arme et tué un soldat américain appartenant à la force internationale de l'Otan (Isaf) aujourd'hui dans l'est de l'Afghanistan, a-t-on appris de sources concordantes.
Il s'agit du 20e militaire de l'Isaf à périr sous les balles de policiers ou militaires afghans ou rebelles infiltrés sous leur uniforme en 2012. Ces incidents, qui se multiplient, minent la confiance entre l'Isaf et les forces afghanes, censées prendre le relais de la force internationale et assurer elles-mêmes la sécurité du pays lorsqu'elle se retirera du pays à la fin 2014. L'attaque a eu lieu à Ghaziabad, un district de la province de Kunar, un bastion rebelle frontalier du Pakistan, a précisé Attaullah Khan, le chef de la police du district.
L'homme "a retourné son arme contre les forces américaines a l'intérieur d'une base afghano-américaine. Il a tué un soldat et en a blessé deux autres", a indiqué Ewaz Mohammad Naziri, le chef de la police dans la province. L'auteur de la fusillade a réussi à s'échapper, selon M. Naziri, pour qui cet homme était "un soldat afghan", quand l'Isaf le qualifie "d'homme portant un uniforme de l'armée afghane". Zabihullah Mujahid, un porte-parole des talibans, a expliqué dans un communiqué qu'un "soldat afghan moudjahid" (combattant) "nommé pour ce genre d'objectif" avait ouvert le feu sur "un grand nombre de soldats américains" à Kunar, qu'il en avait tué "douze", avant de "rejoindre les rangs talibans". Les rebelles exagèrent souvent les pertes infligées aux troupes étrangères et/ou afghanes. L'Isaf, qui a reconnu la mort d'un de ses membres, a indiqué qu'une enquête était en cours. Elle s'est comme à son habitude refusée à préciser les circonstances de l'attaque et la nationalité de la victime.
Encore 130.000 soldats en faction
La plupart des soldats de l'Otan déployés dans cette région sont Américains. La question de la sécurité des militaires étrangers est critique, alors que les troupes et personnels civils de l'Otan forment militaires, policiers et fonctionnaires en général, qui devront sécuriser et administrer seuls l'Afghanistan après le départ prévu des troupes de combat de l'Otan fin 2014.
La coalition de l'Otan dirigée par les Etats-Unis, arrivée fin 2001 pour traquer Oussama ben Laden après les attentats du 11 septembre et renverser les talibans, au pouvoir depuis 1996, n'a jamais réussi à vaincre militairement ces derniers, malgré 130.000 soldats encore stationnés dans le pays. L'insurrection mène une guérilla particulièrement active dans le sud et l'est du pays, bastions talibans, et vise les forces gouvernementales, ainsi que celles de l'Isaf, chargées de les former en vue de l'échéance de 2014.
Recourant jusqu'ici aux attentats suicide et aux mines artisanales, les insurgés ont élargi leur palette ces dernières années, ajoutant les infiltrations meurtrières dans des unités afghanes ou étrangères, une tactique efficace pour miner une confiance déjà très fragile entre l'Otan et les forces afghanes.
D'après un rapport de l'Otan, connu en janvier, les altercations mortelles entre Afghans et étrangers "sont loin d'être rares ou isolées" et "reflètent une menace homicide systémique qui croît rapidement". Ce texte, intitulé "Une crise de confiance et d'incompatibilité culturelle", évaluait ces pertes à 6% des pertes totales de l'Otan sur une période donnée. Le document minimisait les infiltrations des talibans, estimant que ces attaques relèvent bien plus de disputes et d'antagonismes personnels que de motifs idéologiques
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