Dès le mois d'octobre, près de 3 000 soldats français - dont un millier de la 1re BM de Châlons - rejoignent l'Afghanistan pour une mission de six mois.
Immersion au cœur d'une opération d'entraînement à Mailly-le-Camp, ultime préparation en conditions proches du réel, avant le départ.
L'HEURE est au débriefing. Les cartes défilent, les officiers font un par un le point sur l'évolution de la situation au cours de la nuit. 8 heures, jeudi, les derniers épisodes de l'opération Strike on heart sont décortiqués. Les pertes sont lourdes chez les soldats français : 70 morts au cours de la mission qui doit s'achever dans moins de quatre heures. Face à eux, les adversaires disposent de plusieurs vies, « ce qui agace prodigieusement les combattants ».
Dans quelques semaines, ceux-là feront partie du millier de soldats de la 1re brigade mécanisée (BM) de Châlons-en-Champagne - sur les 3 000 hommes au départ - à prendre la relève en Afghanistan. « L'aventure afghane est une affaire sérieuse que l'on prépare avec minutie », rappelle le colonel Philippe Robin, chef d'état-major de la 1re BM et de la Task Force La Fayette V.
Jeu de guerre proche du réel
Alors au Centre d'entraînement au combat (Centac) où les soldats parachèvent leur préparation avant de partir, on n'hésite pas à mettre une pression maximale. Le scénario de cette mission de 96 heures est similaire à ceux qu'ils rencontreront sur place.
D'un côté des soldats de la coalition, de l'autre des insurgés. Dans le rôle des Talibans aujourd'hui : des soldats du Centac surentraînés et rodés aux méthodes de l'adversaire. Leur but : freiner leur progression et les empêcher de s'emparer d'un village. Sur l'immense terrain de ce gigantesque jeu de guerre en conditions proches du réel, pas un bruit. Puis soudain, les tirs fusent à droite et à gauche. Un peu plus loin sur le chemin, des véhicules d'artillerie sont postés pour assurer une protection éloignée. Et notamment le fameux véhicule blindé de combat d'infanterie dont ces mêmes soldats disposeront en Afghanistan.
Attentat suicide aussi
« Occupe-toi de lui ! », lance un soldat en désignant un homme à terre dans une herbe broussailleuse. « Non il est mort, emmène le là-bas ! » Le matériel utilisé par les soldats au Centac ne laisse aucune place au doute. Le laser fixé au bout des canons de leurs fusils d'assaut indique immédiatement à l'adversaire l'endroit où il a été touché et s'il est encore en vie.
10 heures, le sous-groupement « prend un peu feu », explique un contrôleur qui fait en permanence le point sur la situation. « Il y a des blessés partout, les chefs tombent. A ce stade, il y a aussi la fatigue au bout de quatre jours de mission. » Et puis ici, les soldats ne peuvent pas s'appuyer sur un soutien aérien.
Quelques centaines de mètres plus bas, l'ennemi est prêt à défendre le village reconstitué au cœur du camp. Derrière les fenêtres, les palissades, des hommes encagoulés, certains coiffés du pakol - le chapeau afghan - attendent de pied ferme. Plus un bruit, jusqu'à l'assaut final. Les soldats investissent le village. Les tirs claquent, les grenades explosent. Soudain, un ennemi se jette à l'intérieur d'une maison puis se fait exploser. « J'avais pris une balle dans l'épaule, mais j'ai réussi à foncer à l'intérieur et déclencher le dispositif. J'ai eu deux gars », explique Romaan, soldat au Centac depuis trois ans. Le cas s'est produit il y a encore peu de temps en Afghanistan.
Midi, malgré les pertes, la mission est réussie. Des soldats de différents régiments de la 1re BM ont pu s'entraîner ensemble, et tomber dans des pièges ennemis pour mieux les appréhender ensuite. « De toute façon, commente un officier, quand on fait la guerre, tout est planifié… jusqu'à ce qu'on rencontre l'ennemi. »
http://www.lunion.presse.fr/article/marne/1000-soldats-se-preparent-pour-lafghanistan
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