Les bases de défenses seront officiellement crééessur l'ensemble du territoire à partir du 1er janvier 2011. Initialement, il était prévu d'en créer 78 en France métropolitaine. Il y en aura finalement 51, mais avec des périmètres élargis.
La zone de défense et de sécurité Sud-Ouest, dont l'état-major se trouve à Bordeaux, en comptera 10, dont 7 en Aquitaine et dans les Charentes. Celle de Bordeaux-Mérignac regroupera environ 9 000 personnes, ce qui en fera la quatrième base de défense française derrière Paris, Toulon et Brest.
1 Pourquoi des bases de défense ?
La base de défense est une structure entièrement nouvelle pour l'armée française. Le système a été testé pendant deux ans sur certaines unités, notamment à Pau et sur l'ensemble Cognac-Saintes-Rochefort.
Son nom prête à confusion : il ne s'agit nullement d'une nouvelle implantation, mais d'une réorganisation des services existants qui doit engendrer des économies et des réductions d'effectifs. Chaque base de défense sera commandée par un commandant de base de défense, qui aura sous sa responsabilité un groupement de soutien disposant d'antennes dans toutes les unités de sa circonscription.
La base de défense a été imaginée pour assurer la mise en commun de tout ce qui concerne le soutien de plusieurs unités relativement peu éloignées les unes des autres. Pour la première fois, toutes les unités bénéficieront du même soutien sans perdre leur spécificité. On pourra donc retrouver au sein de la base de défense des régiments de l'armée de terre, des bases de l'armée de l'air ou des établissements dépendant de la Direction générale de l'armement ou d'autres organismes.
Ce que les militaires appellent administration générale et soutien englobe toutes sortes d'activités : le soutien administratif (finances, ressources humaines, bureautique), le soutien technique et logistique (transport, alimentation, habillement, infrastructures), le soutien de l'homme (le centre médical, le social, etc.). À partir de l'année prochaine, la base de défense aura pour mission de gérer l'ensemble de ces services au profit de toutes les unités situées dans son périmètre territorial. Ces mêmes unités conserveront en revanche la responsabilité de la préparation et de l'emploi opérationnel.
Dans le même esprit, le ministère souhaite parallèlement développer les externalisations, c'est-à-dire le travail confié à des entreprises civiles après appels d'offres. Ce qui peut sembler simple sur le papier peut se révéler plus complexe dans la réalité. « La restauration est a priori une activité qui pourrait être facilement externalisée, souligne un officier. Mais, si les repas sont préparés par des entreprises civiles, comment fera-t-on pour trouver des cuisiniers pour partir en opérations ? »
L'organisation des bases de défense soulève également des problèmes complexes de personnel. Les autorités doivent en effet essayer de répartir militaires et civils en fonction de leurs besoins sur le terrain mais aussi en tenant compte des objectifs fixés au niveau national.
2 Les inquiétudes des civils
11 000 civils travaillent avec les militaires dans l'ensemble de la zone de défense Sud-Ouest (un peu moins de 7 000 en Aquitaine). Au niveau national, l'objectif est de supprimer 30 % des postes d'ici à 2014. « Mais, au rythme où ils vont, ils risquent de dépasser ce chiffre », s'inquiète un militant syndical.
Les membres dupersonnel civil redoutent en effet que cette réorganisation ne se fasse à leur détriment, alors qu'ils auraient pu au contraire, estiment-ils, prendre une part plus importante dans le soutien. Selon certains responsables syndicaux, l'objectif des « 50-50 » ne serait pas toujours atteint, et les militaires pourraient, au bout du compte, être surreprésentés au sein des groupements de soutien des bases de défense. Ils craignent aussi que le chantier en cours ne débouche sur une « énorme usine à gaz » pour tout ce qui concerne la gestion du personnel.
Pour la CFDT, ce sont toutefois les externalisations sur les cœurs de métier qui représenteraient le plus grand danger. « Nous attendons qu'un cabinet indépendant nous prouve qu'elles permettront vraiment de réaliser des économies », souligne Éric Arriailh, secrétaire général du Syndicat aquitain des établissements de la défense (SAED). « De plus, les marchés sont tellement importants qu'ils échappent aux entreprises locales et même nationales. Avec ce système, finalement, on arrive à délocaliser les emplois et à perdre nos compétences. »
3 Un nouvel état-major interarmées
L'arrivée des bases de défense condamne les régions de l'armée de terre, qui était la seule à avoir conservé une organisation territoriale. Le niveau intermédiaire qu'elles assuraient entre les unités sur le terrain et Paris va être repris par un nouvel état-major interarmées, qui a fait l'objet de deux expérimentations, à Lyon et à Rennes.
Cette structure sera associée à un autre état-major : celui de la zone de défense. La zone de défense et de sécurité est une circonscription administrative. Placée sous la responsabilité du préfet de région, elle a vocation à gérer, par exemple, les catastrophes naturelles, les crises sanitaires. Dans le Sud-Ouest, les régions terre et zone de défense englobent le même périmètre : Aquitaine, Poitou-Charentes, Midi-Pyrénées et Limousin. Jusqu'à présent dans le Sud-Ouest, le correspondant militaire du préfet était le général commandant la région terre Sud-Ouest, en poste à Bordeaux. L'année prochaine, la double responsabilité échelon intermédiaire - zone de défense devrait échapper à l'armée de terre pour être confiée à l'armée de l'air.
http://www.sudouest.fr/2010/10/04/l-armee-sur-de-nouvelles-bases-202437-757.php
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire