TEMOIGNAGE - Militaire blessé en Afghanistan en novembre 2009, le caporal-chef Abdou participe actuellement aux rencontres militaires blessures et sports à Bourges et Aubigny-sur-Nère…
«Militaire jusqu’au bout». Soldat au 3e régiment d’infanterie de marine (RIMa) à Vannes, le caporal-chef Salami Abdou est grièvement blessé au bras droit en 2009 en Afghanistan. Après des mois de convalescence et une réorientation professionnelle, il a réintégré son régiment et travaille au bureau comptable de la 4e compagnie. Du 16 juin au 4 juillet, il participe avec une cinquantaine de militaires blessés à la 3e édition des rencontres militaires blessures et sports (RMBS), qui se tiennent à Bourges et à Aubigny-sur-Nère (Cher). Ces rencontres sont l’occasion de faire du sport, mais aussi d’échanger entre les militaires et les acteurs de l’accompagnement.Pourquoi participez-vous à ces rencontres sportives?
C’est l’occasion de rencontrer des militaires blessés comme moi, d’échanger, de faire du sport. J’étais très sportif avant d’être blessé, et pendant quatre ans je n’en ai plus fait. J’ai repris il y a un an et demi. C’était dur, on a grossi, on repart de zéro… Il faut être patient et se donner un peu de temps. Mais le sport ensemble, ça aide à franchir l’obstacle, à remonter la pente. Je me sers du passé pour aller de l’avant.C’est quoi votre passé?
Je m’engage en 2001 à Mayotte, et en 2003 j’arrive au 3e RIMa à Vannes, où je continue ma formation au métier de combattant. Je suis à Djibouti pendant deux ans, de 2006 à 2008. Et cette année-là, on commence à se préparer pour être projeté en Afghanistan. On arrive là-bas en juin 2009, et dès le premier jour de la mission dans la région de la Kapisa, on se fait accrocher, il y a un blessé. Les accrochages sont quotidiens. Le 1er novembre 2009, à 15 jours de la fin de la mission, on accompagne à pied les démineurs sur un axe qu’on doit sécuriser. Il y a un faux IED [engin explosif improvisé] au milieu de la route. Moi, je suis sur les bas-côtés. Et là, j’entends un boum, puis plus rien. Je me réveille trois jours plus tard sur un lit d’hôpital. Je ne comprends pas où je suis. Ce sont les médecins qui vont m’expliquer. En trois jours, j’ai été transféré à Kaboul pour de premières opérations, puis rapatrié à l’hôpital militaire de Percy [à Clamart]. C’est un ennemi qui a déclenché à distance une série d’IED qui m’a atteint. Je suis le seul blessé de la section. Les camarades m’appellent, et ils m’apprennent qu’ils n’ont pas retrouvé l’individu, car il y avait pas mal de civils alentours.Comment se passe votre convalescence?
A l’hôpital, j’y reste quatre mois, je subis des greffes, on répare mes fractures qui étaient ouvertes, mes nerfs abîmés. Je vois des psychologues, que je vais voir aussi après. Parce que ce qui est dur, c’est de ne pas avoir fini la mission. Et le plus dur, c’est de ne plus faire le métier de combattant, celui que j’ai toujours voulu faire.Et aujourd’hui?
Parallèlement à la rééducation de mon bras droit, je me suis réorienté en 2010. J’ai fait une spécialité administrative. Je travaille aujourd’hui au bureau comptable au 3e RIMa à Vannes. Si je ne suis plus au combat, je côtoie les camarades, ça m’aide beaucoup. Ca me remotive, j’échange, je conseille aussi des jeunes. On ne m’a pas mis de côté, je peux toujours servir. Je suis militaire jusqu’au bout, c’est mon objectif, je m’y tiens.http://www.20minutes.fr/societe/1407174-soldats-blesses-en-mission-je-me-sers-du-passe-pour-aller-de-l-avant
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire