lundi 9 décembre 2013

Tension "assez palpable" avec les groupes armés à Bangui

La situation est plus calme dans Bangui, la capitale de la Centrafrique, mais l'armée française rencontre une tension "assez palpable" au contact des groupes armés, a déclaré dimanche à Paris le porte-parole de l'état-major des armées.
Le dispositif militaire français en République centrafricaine compte 1.600 hommes, dont 1.200 dans la capitale.
"La situation est plus calme mais elle reste (...) tendue", a déclaré le colonel Gilles Jaron à propos de Bangui, soulignant qu'il n'y avait plus de combats entre les groupes armés mais des tirs sporadiques dans cette ville.
"Ce que l'on constate depuis aujourd'hui c'est une tension assez palpable lorsque nos forces sont au contact de groupes armés", a-t-il ajouté.
Dans Bangui, les forces françaises continuent leurs patrouilles sur les grands axes et à pieds dans les quartiers, avec des éléments de la future force africaine Misca, qui compte 2.500 hommes et va voir ses effectifs portés à 6.000 soldats.
La population chrétienne centrafricaine s'est rassemblée dimanche dans les églises pour pleurer les centaines de victimes des affrontements des derniers jours entre chrétiens et musulmans, qui ont poussé l'armée française à intervenir avec l'aval des Nations unies. Des milliers de fidèles ont ainsi assisté à la messe dans l'église Saint-Paul de Bangui.
La République centrafricaine a plongé dans le chaos depuis la prise du pouvoir en mars dernier des ex-rebelles de la Séléka, en majorité musulmans, qui ont renversé le président François Bozizé.
TROIS JOURS DE DEUIL
Le nouveau chef de l'Etat par intérim, Michel Djotodia, a perdu tout contrôle des milices musulmanes qui se sont attaquées à la population chrétienne, largement majoritaire dans le pays.
Les chrétiens se sont à leur tour organisés en milices d'autodéfense et les violences ont dégénéré jeudi et vendredi derniers.
La Croix-Rouge a dénombré jusqu'ici 394 morts rien qu'à Bangui.
Le président Djotodia a annoncé samedi trois jours de deuil national.
Dimanche, les soldats français de Sangaris poursuivaient leurs patrouilles dans la capitale, survolée à basse altitude par des hélicoptères militaires.
L'armée française est également présente à Bossangoa, où un premier hélicoptère est arrivé, a rapporté dimanche sur Twitter Peter Bouckaert, directeur des situations d'urgence à Human Rights Watch (HRW). "Cela rassure les populations", a-t-il dit. Trente personnes, dont un soldat de la paix africain, ont été tuées dans cette ville vendredi.
Les Français se sont déployés sur un "axe ouest" en provenance du Cameroun et sont arrivés dans la ville de Bossembélé samedi soir, a précisé le colonel Jaron.
Sur l'"axe nord", les soldats partis de Bangui sont arrivés à Bossangoa samedi soir, a-t-il ajouté.
"Tant sur l'axe ouest que sur l'axe nord nous n'avons pas à notre passage découvert de traces de combats récents. Mais il y beaucoup de réfugiés", a-t-il dit.
ENFANTS SOLDATS
A Paris, le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a souligné que le bilan des violences aurait été bien plus lourd si la France n'était pas rapidement intervenue.
"Le calme est revenu à Bangui même s'il y a encore ici ou là des exactions (...) Il y a un certain nombre d'opérations en cours dans le pays et les opérations de désarmement de l'ex-Séléka vont commencer", a-t-il dit sur la chaîne de télévision France 3.
"Notre rôle est un rôle sécuritaire. Si nous n'étions pas intervenus, les 394 morts auraient pu être 5.000 ou 10.000", a ajouté le chef de la diplomatie française.
"Notre objectif est que nos militaires restent six mois mais la mission va continuer parce qu'il y a les Africains. Les Français n'ont pas vocation à rester", a-t-il rappelé.
Selon Souleymane Diabaté, membre de l'Unicef, le Fonds des Nations unies pour l'enfance, 6.000 enfants soldats auraient été entraînés dans les récents affrontements. Nombre d'entre eux ont été recueillis dans les hôpitaux, souffrant de blessures par armes à feu ou armes blanches.
"Nous traversons une crise majeure et les enfants ne sont pas épargnés", a-t-il dit.

http://www.lepoint.fr/fil-info-reuters/tension-assez-palpable-avec-les-groupes-armes-a-bangui-08-12-2013-1766139_240.php

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