La Sonnerie aux morts, les discours des officiels, la rigueur automnale, tout cela a un air de déjà-vu pour Éliane Denoit, vice-présidente des Dames d’entraide de la Médaille militaire. Pourtant chaque 11 novembre, cette brave dame accompagnée de ses camarades rend hommage aux victimes de la Grande Guerre. Il est vrai que madame Denoit est intéressée au premier chef par cette cérémonie.
Son père, Fernand Messance a vécu cette période troublée sur le front, avec son uniforme bleu horizon. « Il a été blessé trois fois pendant la guerre. Il aurait dû avoir droit à la Légion d’Honneur, mais à cette époque, les gens étaient humbles, ils ne la demandaient pas. »
Éliane Denoit a toujours su que son père avait combattu durant la Der des Ders, mais sans plus. Ce n’est qu’après son décès qu’elle a saisi l’ampleur des souffrances qu’il a endurées. « Il ne nous a jamais parlé de la guerre. J’ai tout appris quand il est décédé, en 1954. »
Un éclat d’obus retiré
des poumons
Après coup, Éliane Denoit a donc su beaucoup de choses. Elle a fouillé ses papiers, découvert les lettres qu’il avait envoyées à sa mère lorsqu’il était hospitalisé à Saint-Brieuc, et retrouvé l’éclat d’obus que les médecins ont retiré de ses poumons. « La troisième fois où il a été blessé, il était à Cumières, dans la Marne. Un pays qui a été complètement anéanti. Son unité comptait mille hommes, pas plus d’une centaine d’entre eux ont survécu à ces combats. »
La dame a pris connaissance de bien d’autres aspects de la vie de son père : « Il a fait la bataille de Verdun et j’ai aussi su qu’il a obtenu la médaille militaire. » Du fait de sa convalescence, Fernand Messance n’a pu retrouver sa famille qu’en septembre 1919, date à laquelle il a été démobilisé.
Pour cet homme qui finalement a gardé en lui ces horreurs toute sa vie, Éliane Denoit se rend donc tous les ans au pied des monuments aux morts. Que les cérémonies aient ou non un air de déjà-vu, l’important c’est de se souvenir, pour éviter ces massacres qui traumatisé des millions de personnes à travers le monde.
http://www.lunion.presse.fr/region/il-ne-nous-a-jamais-parlede-la-guerre-ia3b26n248328
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