dimanche 11 novembre 2012

Le jour où la guerre s’est arrêtée

L’armistice est signé ! C’est officiel. De quoi faire perdre aux Lyonnais leur réputation de réserve et de froideur.
Le pavoisement est général, les bazars manquent de drapeaux et les rues se remplissent de cortèges multiples. On se rend en groupe pour rendre hommage aux nations alliées, devant les consulats belge, serbe et américain. « La Marseillaise », « Le Chant du départ » ne sont interrompus que par les cloches de toutes les églises qui sonnent à toute volée.
A 16 heures, le canon se met à tonner au fort Saint-Irénée pour une grande salve de 101 coups. L’apothéose de cette liesse populaire commence vers 19 h 30 avec la retraite aux flambeaux qui sillonne, quatre heures durant, les grandes artères de la ville. La musique du « 158 e », les agents cyclistes, les sapeurs-pompiers et des pelotons de cavaliers, tous avancent à la cadence des refrains patriotiques. « Sambre-et-Meuse », « Les Allobroges » et « Madelon ».

Beaucoup ne reviendront jamais des champs de bataille

Les Lyonnais se congratulent avec des officiers serbes ou américains, oubliant le froid, et la grippe, qui n’est pas allemande mais… espagnole, et qui fait des ravages. Vers minuit, la ville se calme. Demain, de toute façon, beaucoup d’usines, d’ateliers et de commerces seront fermés.
Les officiels ont poussé leur discours. Le préfet Marty au grand balcon de la préfecture. A l’hôtel de ville, en l’absence d’Herriot, retenu à Paris, c’est l’adjoint Gorjus qui prononce un discours enflammé. A la faculté de droit, un télégramme d’hommage est adressé au « Tigre », Clemenceau.
Au Palais, les magistrats vont solennellement revêtir la robe rouge. A la bourse, on applaudit la nouvelle et l’on se dit quand même : « Après l’allégresse des cœurs, nous aurons celle de la cote ». Du coup le Crédit Lyonnais grimpe à 1 330 francs. Le directeur des Célestins offre pour le 12 novembre une représentation gratuite, « La Petite Mariée », de Charles Lecoq, avec des interprètes dont les noms sont bien oubliés aujourd’hui : Gina Féraud et Mary Théry. Le cinéma - quoique muet - n’est pas en reste : le Grolée projette, comme son concurrent, le Majestic, « L’entrée des Alliés à Lille » et une série à succès : « Le comte de Monte Cristo ». Mais il y a des absents, trop nombreux. On a beau se dire que « bientôt les foyers se pareront pour recevoir les poilus », que « la vie familiale renaîtra pour ces héros de la grande épopée », beaucoup ne reviendront jamais des champs de bataille…

http://www.leprogres.fr/rhone/2012/11/11/le-jour-ou-la-guerre-s-est-arretee

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