Cyril Chaminade, 32 ans, est sergent-chef au 1er RCP de Pamiers. Mais il est aussi une des pièces maîtresses de l'USF, qu'il a rejoint en 2005. Il revient d'une mission en Afghanistan.
Père de deux petites filles, Cyril Chaminade a débuté le rugby à Pont-Long (Pyrénées-Atlantiques) et a joué à Pau. En 2004, il rejoint le 1er RCP et adhère au club de Saint-Jean-du-Falga, avant de venir renforcer l'USF quatre ans plus tard. Après avoir passé six mois en mission en Afghanistan, il a repris le chemin des terrains.
Comment peut-on se réadapter à la vie « dite normale » après avoir vécu un danger constant dans un pays en situation de guerre ?
La mission en Afghanistan a duré six mois et demi et a été très exigeante, tant sur le plan physique que moral. C'est un pays magnifique mais l'insécurité qui y règne pèse autant sur la population que sur les forces internationales qui s'y trouvent. Pendant ces six mois et demi de missions, nous avons eu des moments de doute, de peur, de joie, d'angoisse, avec des sourires, des larmes. Tout ce qu'un militaire peut ressentir lors d'une mission sur un territoire en guerre. Le retour à la vie dite « normale » est très dur car durant toute cette mission nous avons pris des réflexes dits de combat pour certains, vu des choses horribles. Nous avons vécu les uns avec les autres, mais surtout les uns pour les autres, toujours dans l'objectif de réussir la mission et surtout de ramener tout le monde au bercail. Comme au rugby, là-bas on s'est battus non pas pour soi mais pour le copain d'à côté et donc, après six mois et demi, se retrouver seul chez soi, car pour ma part, étant rentré en semaine, mon amie et mes filles n'étaient pas à la maison, à essayer de trouver une tasse de café, se retrouver devant son placard pour choisir une « tenue civile », ne plus inspecter tous les coins suspects, ne plus se méfier de tout le monde, bref reprendre le cours de notre vie après cette parenthèse est, je pense, l'une des choses les plus dures suite à une telle mission. Pour mon cas, je me suis raccroché à ma vie de couple, de famille avec mes deux « puces » et, bien sûr, retrouver au plus vite le pré, les copains, le repas du vendredi soir. Tous ces ingrédients mis ensemble font que j'ai pu mettre dans un coin de ma tête cette très enrichissante expérience et reprendre le cours de ma vie, mais sans oublier ces six mois et demi de mission. Je voudrais aussi rendre hommage à nos quatre camarades du 1er RCP tombés là-bas, ainsi que ceux des autres formations qui nous renforçaient, à leurs familles, sans oublier nos blessés et leurs familles.
Durant votre séjour afghan, avez-vous pensé, pour décompresser, à l'USF et au rugby ?
Bien sûr que j'ai pensé à l'USF là-bas. Tous les dimanches soir, quand je le pouvais, j'étais devant mon ordinateur sur Internet pour voir les résultats de la réserve et de la première. J'avais des contacts réguliers avec certains joueurs qui me tenaient au courant des résultats et des news du club. Je tiens à remercier l'ensemble des joueurs, les « mamies », le staff pour le généreux colis reçu là-bas, avec saucissons, vin, fanion de l'USF qui trônait au-dessus de mon lit, sans oublier un bout de pelouse du stade. Merci à tous pour ce geste qui m'a énormément touché.
Pensez-vous que vous serez en mesure de retrouver l'équipe fanion avant la fin du championnat ?
Si l'opportunité m'en est donnée, je serai fier de porter le maillot de la première une nouvelle fois mais je vous avoue qu'à l'heure d'aujourd'hui ma priorité est de prendre du plaisir sans la pression que l'on peut avoir en équipe première, de retrouver des automatismes. Aprés six mois et demi sans toucher le cuir, le retour à la compétition est difficile.
http://www.ladepeche.fr/article/2012/02/03/1276905-foix-en-afghanistan-cyril-chaminadel-pensait-a-sa-famille-et-a-ses-potes-de-l-usf.html
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