vendredi 17 février 2012

Cet homme fait partie d’un club très restreint. Pour y entrer, pas besoin de carte de membre, mais d’une motivation à toute épreuve. En France, ils ne sont en effet que quatorze militaires parachutiste expérimentateur et d’essai, issus des trois armées et de la Direction générale de l’armement.


L'adjudant Franck Druet appartient à l’Escadron de survie opérationnelle et de parachutisme d’essai (Esope), du Centre d’expériences aériennes militaires (CEAM) de Mont-de-Marsan, qui expérimente l’ensemble des matériels aéronautiques destinés aux équipages d’avions de chasse, de transport et d’hélicoptères, quelle que soit leur armée d’appartenance, et aux forces spéciales.

« Un concours de circonstances », c’est en ces termes que le sous-officier explique son engagement dans l’armée de l’Air. Il s’oriente vers la spécialité radar-sol. Un métier qu’il exerce pendant six ans à Mont-de-Marsan. À la même époque, il fait la connaissance d’un collègue radariste en formation à l’École interarmées des parachutistes d’essai. C’est ainsi qu’il découvre l’existence de cette spécialité. « Pourquoi pas moi ? », se dit-il. Mais avant de faire du ciel sa seconde maison, la route est longue. Visite d’aptitude médicale, tests psychotechniques, évaluations de français, entretien avec le général commandant le CEAM, phase de sélection en vol et au sol : chaque étape est éliminatoire. Il les franchit toutes. «Pendant un an et demi, la durée de formation, chaque saut est noté. On sait qu’on est en permanence sur la sellette. » Le rêve prend fin pour certains, mais pas pour lui. A la sortie de l’école, il est responsable d’une expérimentation. « J’ai assisté à des réunions en état-major. Moi, j’étais sergent et j’étais le spécialiste sur lequel ils s’appuyaient. J’ai donc dû rapidement apprendre à ne pas me laisser intimider par le grade ou la fonction d’un interlocuteur . »

L’adjudant passe ensuite par l’ École du personnel navigant d’essais et de réception (Epner) pour obtenir le précieux sésame, la qualification « parachutiste d’essai », celle qui va lui permettre de réaliser « des sauts qui n’ont jamais été faits . »

Son quotidien, beaucoup en rêvent. « Lorsque j’ai expliqué à ma famille que j’allais changer de spécialité, elle m'a demandé si j’allais monter dans des avions de combat. » Et sa réponse fut oui. En effet, il vole régulièrement dans des avions de chasse et vit des moments privilégiés aux côtés des équipages. Des personnes auxquelles il est particulièrement lié car il est engagé dans leur sécurité, parfois même dans leur survie. Il se souvient d’ailleurs non sans un certain plaisir de son premier vol, « un aboutissement », comme de son premier saut avec le parachute de sauvetage qui équipait les anciens sièges d’ Alphajet, le MK4 (qui n’est plus en service actuellement). Et n’allez pas lui dire que les parachutistes expérimentateurs et d’essai sont des casse-cou : « Les sauts complexes sont tous réfléchis et bénéficient d’une étude de sécurité approfondie. » Aujourd’hui, il est adjoint au bureau opération / instruction de l’Esope. Il peut transmettre son savoir, un savoir durement acquis.

Portrait réalisé en janvier 2012 par Samantha Lille

http://www.defense.gouv.fr/actualites/dossiers/voir-les-portraits/franck-druet
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