lundi 25 avril 2011

On a retrouvé le soldat Borigal

Il s’appelait Saint-Just Borigal. Il est né le 8 décembre 1987 à Cayenne, en Guyane. Il avait 29 ans quand il combattait au sein du 119e Régiment d’infanterie, durant la Première Guerre Mondiale, à Fleury-devant-Douaumont, près de Verdun, pour la France. Il avait 29 ans lorsqu’il est tombé au champ de bataille le 3 juin 1916, au même endroit.
Jusqu’à dimanche, il était juste un soldat disparu, depuis 95 ans. Déclaré comme mort par les fichiers du ministère de la Défense. Depuis tout ce temps, il reposait au milieu de la forêt, près du ravin de Basile, au milieu des bois de Fleury. Il aura fallu quelques passages d’engins de l’ONF et un couple de Hollandais pour le sortir de l’oubli.
Dimanche, les gendarmes de la communauté de brigades et du Peloton de surveillance et intervention de Verdun, ont procédé à une opération « anti-fouilleurs ». Car oui, le champ de bataille est un temple sacré. Une immense sépulture qu’il est interdit de profaner.
Alors qu’ils contrôlaient des voitures, du côté de Bras-sur-Meuse, pour d’abord faire de la prévention, l’Ossuaire de Douaumont les a alertés d’un courrier anonyme provenant sûrement de touristes hollandais. Ils ont découvert les ossements d’un soldat français, près du ravin de Basile, au milieu du bois de Fleury-devant-Douaumont. Peut-être étaient-ils en train de fouiller ? Le lieu s’y prête. On ne compte plus les obus ou objets de la vie quotidienne des soldats durant la guerre dans ces coins-là : il n’y a plus qu’à se baisser pour les ramasser. « Cependant, lorsqu’ils trouvent des ossements, ils le font savoir », explique le capitaine Pierre-Yves Le Trong, commandant de la compagnie de gendarmerie de Verdun. Pour lui, comme pour ses hommes, l’annonce de la découverte de ce soldat les met en effervescence : « Il était militaire, comme nous. Si nous le retrouvons, il aura une sépulture décente. Et pour sa famille, ce sera un miracle… »
Les Hollandais avaient décrit le lieu de leur découverte. Et même planté une croix avec des morceaux de bois au dit endroit. Pas facile cependant de trouver le soldat.
Mais les gendarmes n’ont rien lâché. Au bout de deux heures de recherches, ils ont fini par trouver le lieu où est mort Saint-Just Borigal.
Mais à ce moment précis, ils ne savent pas qui est le militaire. Ils creusent, se relayent. N’ont pas prévu de pelle et retournent la terre, à la main. Le ministre de la Défense arrive demain (aujourd’hui) mais tant pis pour la propreté de leur uniforme : ils feront une lessive… Fémurs, crâne. Jusqu’aux phalanges des mains. « Les Poilus portaient une plaque au poignet gauche », leur souffle le capitaine. Alors quand des doigts sont déterrés, ils retiennent leur souffle. Jusqu’à la découverte finale : cette fameuse plaque d’indentification…
Après 95 ans, en une après-midi, on sait qui est ce soldat. Grâce à sa plaque, grâce à Internet. À l’ONF, aux Hollandais, aux gendarmes… Le jour de Pâques. Le jour où on attendait la résurrection du Christ.
http://www.estrepublicain.fr/fr/a-la-une/info/4989759-Decouverte-On-a-retrouve-le-soldat-Borigal
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