Militairement, l'affaire était largement à la portée des forces françaises. Diplomatiquement, c'était comme marcher sur une ligne de crête. «Licorne» a donc frappé fort, avec quatre hélicoptères lancés à l'assaut des pièces d'artillerie, des blindés et des camps militaires de Laurent Gbagbo. Avant de relâcher la pression pour voir l'effet obtenu.
Les frappes menées lundi soir par la force de réaction rapide à la demande de l'ONU ont été interrompues mardi, en tout cas provisoirement. Un coup unique mais acéré, censé aider suffisamment les hommes d'Alassane Ouattara pour leur permettre de prendre le pouvoir, gagné en novembre dans les urnes et confisqué depuis par le président sortant. Une espèce de coup de main donné à la démocratie. L'ancienne puissance coloniale, si souvent critiquée pour s'être portée militairement au secours des régimes africains, même les moins fréquentables, lorsqu'ils étaient menacés par des rébellions, avait pourtant tenté de rester à l'écart des combats, ne voulant surtout pas être impliquée une nouvelle fois dans la crise ivoirienne. Mais les 900 soldats aguerris de «Licorne», portés à 1650 ces derniers jours, étaient les seuls capables, parmi les 10.000 hommes de l'Onuci, la force des Nations unies, à agir de façon aussi radicale contre les forces de Laurent Gbagbo.
Vu de Paris, la neutralité africaine défendue par la nouvelle politique africaine de Nicolas Sarkozy n'était plus tenable. Le chaos qui s'était emparé d'Abidjan prenait des allures de guerre civile. Les tueries perpétrées par les deux camps faisaient ressurgir deux des pires cauchemars de la communauté internationale, restée passive face aux massacres de Srebrenica en Bosnie en 1995 et face au génocide rwandais en 1994.
Mais engager l'armée française trop tôt, trop fortement ou de manière trop visible, fût-ce sous parapluie onusien, aurait comporté d'autres risques. Les 12.000 expatriés français de Côte d'Ivoire sont autant de cibles potentielles pour les Jeunes Patriotes de Laurent Gbagbo. En 2004, une véritable chasse aux Français avait contraint Paris à évacuer d'urgence ses ressortissants. Une intervention française d'envergure aurait également pu gêner les premiers pas au pouvoir d'Alassane Ouattara, s'il avait dû son entrée dans le palais présidentiel à des étrangers.
Si les exactions commises par ses forces dans l'ouest du pays sont confirmées, il aurait été mal venu que Paris apparaisse trop engagé auprès de ses forces. Le chemin d'une intervention française, même pavé par la résolution 1975 des Nations unies adoptée mercredi, qui autorise «toutes les mesures nécessaires » pour mettre hors d'état de nuire les «armes lourdes » menaçant les civils, était donc étroit.
Le reste des actions françaises s'est fait plus discrètement, dans des clairières ombragées, à l'abri des médias. Après avoir fait tonner les canons et les missiles de ses hélicoptères, la France a été la première à entamer, dans la nuit et secrètement, des négociations avec le président déchu. Elle a aussi agi en amont. Diplomatiquement en poussant très fort son projet de résolution sur les armes lourdes à l'ONU. Militairement en encadrant, au minimum, les rebelles de Ouattara avant qu'ils ne passent à l'offensive. Les contacts téléphoniques établis lundi soir entre Nicolas Sarkozy et Alassane Ouattara prouvent, s'il en était besoin, l'existence d'une coordination directe et au plus haut niveau, entre l'Élysée et le président vainqueur des urnes. La France n'est pas la seule à avoir aidé les rebelles à organiser leur offensive. Depuis les élections, de nouvelles armes, notamment des mitrailleuses quadruples, ont fait leur apparition sur les pick-up des Forces nouvelles. Une partie de l'équipement proviendrait du Nigeria. Mais le coup décisif pourrait bien avoir été porté par la France.
http://www.lefigaro.fr/international/2011/04/05/01003-20110405ARTFIG00717-le-coup-de-main-des-soldats-francais-a-la-democratie.php
Les frappes menées lundi soir par la force de réaction rapide à la demande de l'ONU ont été interrompues mardi, en tout cas provisoirement. Un coup unique mais acéré, censé aider suffisamment les hommes d'Alassane Ouattara pour leur permettre de prendre le pouvoir, gagné en novembre dans les urnes et confisqué depuis par le président sortant. Une espèce de coup de main donné à la démocratie. L'ancienne puissance coloniale, si souvent critiquée pour s'être portée militairement au secours des régimes africains, même les moins fréquentables, lorsqu'ils étaient menacés par des rébellions, avait pourtant tenté de rester à l'écart des combats, ne voulant surtout pas être impliquée une nouvelle fois dans la crise ivoirienne. Mais les 900 soldats aguerris de «Licorne», portés à 1650 ces derniers jours, étaient les seuls capables, parmi les 10.000 hommes de l'Onuci, la force des Nations unies, à agir de façon aussi radicale contre les forces de Laurent Gbagbo.
Vu de Paris, la neutralité africaine défendue par la nouvelle politique africaine de Nicolas Sarkozy n'était plus tenable. Le chaos qui s'était emparé d'Abidjan prenait des allures de guerre civile. Les tueries perpétrées par les deux camps faisaient ressurgir deux des pires cauchemars de la communauté internationale, restée passive face aux massacres de Srebrenica en Bosnie en 1995 et face au génocide rwandais en 1994.
Une coordination directe
Mais engager l'armée française trop tôt, trop fortement ou de manière trop visible, fût-ce sous parapluie onusien, aurait comporté d'autres risques. Les 12.000 expatriés français de Côte d'Ivoire sont autant de cibles potentielles pour les Jeunes Patriotes de Laurent Gbagbo. En 2004, une véritable chasse aux Français avait contraint Paris à évacuer d'urgence ses ressortissants. Une intervention française d'envergure aurait également pu gêner les premiers pas au pouvoir d'Alassane Ouattara, s'il avait dû son entrée dans le palais présidentiel à des étrangers.
Si les exactions commises par ses forces dans l'ouest du pays sont confirmées, il aurait été mal venu que Paris apparaisse trop engagé auprès de ses forces. Le chemin d'une intervention française, même pavé par la résolution 1975 des Nations unies adoptée mercredi, qui autorise «toutes les mesures nécessaires » pour mettre hors d'état de nuire les «armes lourdes » menaçant les civils, était donc étroit.
Le reste des actions françaises s'est fait plus discrètement, dans des clairières ombragées, à l'abri des médias. Après avoir fait tonner les canons et les missiles de ses hélicoptères, la France a été la première à entamer, dans la nuit et secrètement, des négociations avec le président déchu. Elle a aussi agi en amont. Diplomatiquement en poussant très fort son projet de résolution sur les armes lourdes à l'ONU. Militairement en encadrant, au minimum, les rebelles de Ouattara avant qu'ils ne passent à l'offensive. Les contacts téléphoniques établis lundi soir entre Nicolas Sarkozy et Alassane Ouattara prouvent, s'il en était besoin, l'existence d'une coordination directe et au plus haut niveau, entre l'Élysée et le président vainqueur des urnes. La France n'est pas la seule à avoir aidé les rebelles à organiser leur offensive. Depuis les élections, de nouvelles armes, notamment des mitrailleuses quadruples, ont fait leur apparition sur les pick-up des Forces nouvelles. Une partie de l'équipement proviendrait du Nigeria. Mais le coup décisif pourrait bien avoir été porté par la France.
http://www.lefigaro.fr/international/2011/04/05/01003-20110405ARTFIG00717-le-coup-de-main-des-soldats-francais-a-la-democratie.php
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