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vendredi 13 août 2010
Catherine Maunoury : directrice du musée de l’air et de l’espace
Catherine Maunoury a été nommée directrice du musée de l’air et de l’espace du Bourget. Elle a pris ses fonctions le 10 août dernier. Rencontre avec une passionnée de voltige aérienne, sacrée deux fois championne du monde et dix fois championne de France dans cette discipline.
Des rires éclatent dans le couloir qui surplombe la grande galerie du musée de l’air et de l’espace du Bourget. La première réunion de Catherine Maunoury, nouvelle directrice du musée, est terminée. Il est 11 heures ce mardi 10 août et Catherine a adopté ses quartiers pour les trois prochaines années. Son bureau est encore vide, rempli par sa seule spontanéité, son rire et son dynamisme. Elle s’excuse de devoir ranger quelques affaires, mettre la main sur quelques dossiers qui lui rappellent qu’elle est aujourd’hui directrice du musée. Un poste auquel elle n’avait pas vraiment songé. « La DMPA* (Direction de la mémoire du patrimoine et des archives) y a pensé pour moi. J’ai compris tout de suite que cette responsabilité était l’aboutissement de quelque chose. Je vais pouvoir y mettre la détermination et la passion que j’ai mises dans chaque vol. »
Sa passion commence à l’âge de 8 ans. Son père, médecin en Bretagne et pilote privé, l’emmène voler à l’aéroclub. Elle assiste à une démonstration de voltige de son instructeur qui lui propose ensuite de monter dans l’avion. La petite fille est émerveillée et son horizon s’élargit. « Trouve ce que tu aimes faire et développe le » lui avaient inculqué ses parents. Ce vol est pour elle une révélation. A quinze ans, elle effectue son premier vol seule puis est brevetée pilote à 17 ans. « C’est très jeune quand j’y repense. Mais ça m’a permis de rentrer dans le monde adulte et d’avoir le sens des responsabilités. » Sur son bureau, des livres sur l’aviation et un dossier listant les projets à mener dans le musée témoignent de l’implication qu’elle donne à sa fonction. Mais déjà, Catherine attire l’attention sur un magnifique tableau suspendu au mur. « C’est la seule chose que j’ai installée en arrivant. Mon mari a peint cet avion avant sa mort. Il était peintre de l’air. » Le téléphone sonne, elle décroche. « Oui Gérard, je suis dans ton bureau. Enfin dans notre bureau ! Et toi, tu es en ULM ? » Gérard Feldzer est l’ancien directeur du musée de l’air et de l’espace. Tous deux sont amis de longue date. Une championne du monde de voltige aérienne a succédé à un pilote de ligne. « On est complémentaires tous les deux. J’espère pouvoir accomplir ce qu’il n’a pas eu l’occasion de faire. »
Combativité et humanité
Pour faire rayonner le musée, Catherine Maunoury regorge d’idées. Sacrée deux fois championne du monde et dix fois championne de France de voltige aérienne, Catherine est une femme de défis. Elle considère son poste de directrice du musée comme un « nouveau challenge, un nouveau championnat du monde ». Celle qui a passé sa vie à essayer de faire toujours mieux réserve maintenant sa combativité pour le musée. Son premier désir : valoriser les collections et les humaniser. « Je voudrais susciter l’émotion. Les pièces, authentiques, ont été utilisées par des hommes et des femmes qui ont fait l’histoire de l’air et de l’espace. Il faut que les visiteurs puissent voir les avions en sachant précisément ce qu’ils ont fait, à quelle bataille ils ont participé. » Cette volonté d’associer l’homme à la machine, ce côté humain qui lui est si cher ont été nourris par ses études de philosophie. Catherine a choisi de mettre l’homme et les relations humaines au cœur de sa vie. A l’instar des cafés-philo, la nouvelle directrice souhaite instaurer des débats sur des questions d’aéronautique et d’astronautique, qu’elles soient techniques, historiques, politiques, philosophiques ou éthiques.
En expliquant cela, Catherine présente les principales salles du musée. La grande galerie avec sa collection préférée, une des plus belles au monde : celle du début de l’aviation civile. La voici maintenant arrivée dans le hall de l’aviation militaire qu’elle souhaite réhabiliter. Les différentes guerres de l’histoire ont développé l’aviation. Il lui est capital de favoriser le rapprochement militaire et civil.
Catherine est bien décidée à mettre en avant des projets dans le sens du rayonnement et de la beauté du musée : reconstructions historiques avec d’autres musées européens, partenariat avec la Cité des sciences, avec le CNES (Centre national d’études spatiales), baptêmes de l’air, développement de la simulation qui fait partie intégrante de la vie des aviateurs, réhabilitation de l’ancienne aérogare et de la tour de contrôle etc. Un travail qu’elle qualifie de « passionnant ». Une politique à long terme pour rendre le musée plus attirant dans l’esprit du Grand Paris. « Le musée du Bourget a vocation à devenir le musée de l’air et de l’espace leader en Europe. Je vais m’accrocher pour qu’il ait le prestige de son homologue américain : le National Air and Space Museum de Washington ». Réaliste, la dynamique Catherine gardera cependant la tête dans les nuages : elle continuera de voler et de se présenter en meetings aériens de voltige.
* Le musée de l’air et de l’espace est un musée d’Etat, dépendant du ministère de la Défense et placé sous la tutelle de la DMPA/SGA (Secrétariat général pour l’administration). Depuis 1994, il a le statut d’établissement public à caractère administratif
http://www.defense.gouv.fr/actualites/articles2/catherine-maunoury-un-nouveau-championnat-du-monde
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