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jeudi 29 juillet 2010
Notre ligne de front
En donnant son feu vert à l’opération franco-mauritanienne du 22 juillet contre une base islamiste au Mali, Nicolas Sarkozy a signifié, publiquement, l’engagement de la France contre le terrorisme islamiste sur la ligne du front qui court de la Mauritanie à la Somalie.
Confronté au chantage terroriste, le chef de l’État s’est trouvé aussi devant sa terrible responsabilité : soit négocier, au risque d’encourager de nouvelles actions, soit frapper, au risque de pertes humaines.
Ce raid du 22 juillet a permis d’anéantir un groupe d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) – six terroristes tués –, mais il a échoué à libérer Michel Germaneau. Trois jours après, AQMI annonçait que ce dernier avait été exécuté le 24. Enlevé le 22 avril dans le nord du Niger, cet ingénieur à la retraite de 78ans venait en aide aux populations locales. Déjà malade du coeur, il ris quait sa vie au nom d’un humanisme généreux mais totalement étranger aux islamistes. Dès sa capture, sa vie ne tenait plus qu’à un fil : «Un assassinat pro - grammé», « un acte barbare et odieux », disait Nicolas Sarkozy en confirmant sa mort à l’issue du conseil de défense du 26 juillet. AQMI n’a vu en lui qu’un « croisé », un fils de cette France cou - pable de soutenir des « gouvernements impies » (Algérie, Mauritanie, Mali, Niger) et d’intervenir en « terres d’islam » (Afghanistan, Liban).
Germaneau a-t-il été assassiné au lendemain du 22 juillet ? Était-il déjà mort, faute de médicaments? Le doute persiste, alors que le dialogue avec ses ravisseurs était rompu depuis mai : plus aucune preuve de vie n’avait été donnée. Le chef de l’État a pris le risque de l’intervention armée parce qu’il fallait lever le doute sur sa localisation et surtout conforter les pays africains dans leur volonté de résistance au cancer islamiste.
C’est un enseignement majeur de cette affaire : de nombreux États africains ont décidé – c’est nouveau – d’unir leurs forces contre le terrorisme islamiste et de s’appuyer sur la France ou les États-Unis (notre numéro du 22juillet) pour ce combat. Des spécialistes français ont formé et accompagné dans le désert les com mandos de chasse mauritaniens. Cette facette militaire vient en complément du travail effectué par la DGSE (renseignement extérieur) et la DCRI (renseignement intérieur) dans cette guerre. Discrets mais efficaces, ces services déjouent une moyenne de deux attentats par an. Grâce à eux, la France n’a subi aucune action terroriste sur son sol depuis 1996.
Les pays africains placés sur cette ligne de front nous répètent que toute concession faite aux islamistes ne fera que les encourager dans leur djihad. Ils demandent aux Occidentaux de s’associer à leur résistance, quitte à en payer le prix. Le raid du 22 juillet est une réponse. Les uns et les autres observent notre détermination. Comme en Afghanistan ou au Liban. Frédéric Pons
http://www.valeursactuelles.com/notre-opinion/notre-opinion/notre-ligne-de-front20100729.html
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