Avec 3,5 milliards d'économies qu'il espère ramener à 1,5 milliard grâce à de nouvelles recettes, le ministère de la Défense s'en sort relativement bien à l'heure où le gouvernement traque les dépenses publiques
Tous les ministères recevront en début de semaine prochaine des lettres confirmant noir sur blanc l'effort qu'ils devront consentir au titre de la réduction des déficits publics.
Pour les armées, le budget 2011-2013 sera amputé de 3,5 milliards par rapport aux 95 milliards (hors pensions) prévus pour cette période dans la Loi de programmation militaire (LPM), a-t-on appris de source proche du dossier.
Un effort que la Défense espère ramener à 1,5 milliard grâce à deux milliards de recettes exceptionnelles provenant de la vente de biens immobiliers et de fréquences hertziennes.
L'armée française s'en sort plutôt bien, surtout si on la compare avec les purges en préparation chez ses homologues britannique et allemande, ajoute-t-on de même source.
Lors d'une visite à bord du porte-avions Charles-de-Gaulle, le 10 juin, le président Nicolas Sarkozy, chef des armées, avait dit son intention protéger les capacités opérationnelles de la défense, sans l'exonérer des efforts de réduction des déficits nécessaires, car "un pays trop lourdement endetté n'est plus un pays indépendant".
En vertu de ce principe, il n'est pas prévu "d'arrêter une certain nombre de programmes puisque nous sommes toujours dans la stratégie du Livre blanc de 2008", a expliqué vendredi sur Europe 1 le chef d'état-major des armées, l'amiral Edouard Guillaud.
Pas question de toucher aux effectifs au-delà de ce qui était déjà prévu dans la LPM (54.000 postes en moins d'ici 2015) ni au calendrier de production et de livraison des grands contrats.
ÉCONOMIES DE FONCTIONNEMENT
Seront ainsi épargnés les programmes prévoyant l'achat d'avions Rafale et A400M, de frégates multi-missions Fremm, de satellites, de véhicules blindés de combat d'infanterie, de sous-marins Barracuda et de systèmes Felin (Fantassin à équipements et liaisons intégrés).
Des économies seront recherchées en revanche dans le rééchelonnement de paiements d'acomptes et dans le report de programmes non contractualisés.
La rénovation des Mirage 2000-D et certaines composantes du programme Scorpion de modernisation des forces terrestres françaises seront ainsi mis en sommeil.
Pour ce dernier programme estimé à plusieurs milliards d'euros, un consortium composé de Safran, Thales et Nexter est en compétition avec une équipe formée par le groupe européen EADS et l'américain SAIC.
Autre source d'économies : les dépenses de fonctionnement, qui devront être réduites de 10% au moins sur trois ans grâce à un groupement des achats et des renégociations dans les domaines de l'informatique et des transports, notamment.
"Tout le monde doit faire des économies de fonctionnement. Nous essaierons d'en faire bien sûr, sans jamais rien sacrifier à l'entraînement qui est le garant de la sécurité des troupes en opérations", a prévenu l'amiral Guillaud.
D'une manière générale, le chef d'état-major a mis en garde contre toute mesure susceptible d'écorner la sécurité du pays, qui "ne s'arrête pas aux frontières de la France".
"Toute crise financière rend le monde un peu plus dangereux. Le risque est donc évidemment que nous baissions trop la garde", a-t-il expliqué. "A nous d'être imaginatifs, innovants, y compris avec nos voisins, pour pouvoir nous doter des moyens de cette ambition."
Prévu en 2014, le déménagement vers Balard, dans le sud de Paris, où sera construit le "Pentagone à la française" pour accueillir des services actuellement répartis sur 12 sites, n'est pas concerné par les mesures d'économies pour l'instant.
"Balard n'est pas une source de dépense mais d'économies et de recettes exceptionnelles", note-t-on dans l'entourage du ministère de la Défense.
http://www.lexpress.fr/actualites/2/des-economies-mais-pas-de-purge-dans-le-budget-de-l-armee_903673.html
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