jeudi 20 mai 2010

Le dispositif de soutien psychologique dans l'armée de Terre

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Peut être parce qu’elle est invisible, la blessure psychologique demeure trop souvent incomprise. Pourtant elle n’est pas une question nouvelle au sein de l’armée de Terre. Défini et affiné au cours des années, le concept du soutien psychologique en zone de combat place l’homme au cœur du dispositif.
L’armée de Terre a conçu un dispositif novateur de soutien psychologique.

Avec les opérations extérieures, et en particulier l’Afghanistan, il est devenu essentiel de prendre en compte le facteur humain non pas seulement pendant mais aussi avant et après la projection.

Ce dispositif de soutien psychologique a deux grands objectifs : « remplir la mission avec le minimum de pertes » mais aussi « ramener des hommes en mesure de se réadapter ». Ce dispositif est effectif en Afghanistan depuis l’été 2009 et sera amélioré au fur et à mesure des retours d’expérience. Il pourra par la suite être appliqué aux autres théâtres.

Autant la blessure au feu est considérée comme glorieuse, autant la blessure psychologique constitue encore un aspect occulté des conséquences des traumatismes opérationnels. Au-delà du devoir moral vis-à-vis de nos hommes, la gestion du potentiel humain impose à tous les échelons de s’investir dans l’aspect psychologique du commandement. Le chef au combat, même s’il est responsable de ses hommes, ne pourra jamais tout résoudre seul. Ainsi, son action doit être complétée par celle d’autres acteurs et s’inscrire dans la durée.

Les « acteurs » principaux du dispositif de soutien psychologique

Militaire du rang ou sous-officier, volontaire sélectionné par son chef, le référent de section est un personnel expérimenté ayant la confiance de la section. Il identifie les réactions psychologiques et comportementales inadaptées et alerte, s’il le juge nécessaire, son chef.

Véritable outil de commandement au service du chef de corps, l’officier environnement humain (OEH) est un acteur spécialisé du régiment. Il a, en effet, suivi un stage dense de cinq semaines, dont deux obligatoirement au sein du service psychiatrie d’un hôpital interarmées. Il a donc acquis des connaissances et des techniques spécifiques. Il contribue à maintenir au plus haut la capacité opérationnelle en préservant le facteur humain. Il soutient les référents de sections et coordonne l’action des autres intervenants. L’OEH est présent en amont pour informer sur le stress et sa gestion. Pendant la mission, il détecte les situations à risques et le personnel vulnérable. Il participe également à la préparation au retour en métropole.

Le personnel engagé en Afghanistan n’identifie pas toujours clairement les réactions liées au stress opérationnel (RSO). Pour pallier ce déficit d’information, un kit de sensibilisation sur les RSO a été développé.

Elaboré conjointement avec des personnels ayant vécu des situations de stress intense voire traumatisantes, ce kit a pour but de donner les clés nécessaires à la compréhension, à l’identification et à la gestion des RSO.

La mission première de psychologue du théâtre est de conseiller le commandement sur d’éventuelles mesures à prendre. Il fait remonter les informations d’ambiance et formule des propositions (reprise progressive des missions opérationnelles, activités favorisant la récupération et la cohésion, besoin de pause opérationnelle, nécessité d’un sas de fin de mission).

Deux à trois jours de repos au cours du 4e ou 5e mois de l’opération en retrait des zones de contacts, la pause opérationnelle est l’occasion pour les soldats de « décompresser » et souffler pour mieux repartir.

L’étape clef qui permet d’éviter le décalage trop brutal avec le retour en France est le sas de fin de mission. Ce désengagement progressif se déroule à Chypre et concerne tous les militaires de retour du théâtre afghan. Ce sas a aussi pour objectif de détecter au plus tôt les militaires qui auraient besoin d’un soutien adapté.

Avec l’intensification des actions de combat et la répétition des missions opérationnelles, les militaires sont parfois confrontés à des situations qui peuvent avoir un retentissement émotionnel déstabilisant sur les individus et sur les groupes, la fiche de suivi post opérationnel recense les événements graves auquel le militaire a été confronté. Il est ainsi assuré que ses chefs successifs connaîtront et sauront prendre en compte une part délicate de son vécu.

Enfin, la cellule d’intervention et de soutien psychologique de l’armée de Terre (CISPAT) est là pour assurer un soutien psychologique d’urgence après un événement traumatisant. Les officiers psychologues de la CISPAT sont avant tout des soldats mieux à même de comprendre les militaires sur le terrain ayant vécu un événement grave.

Le soutien psychologique chez nos voisins

Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et le Canada sont également confrontés, comme la France, au durcissement des opérations actuelles et cherchent à préserver le facteur humain en gérant les situations les plus déstabilisantes et en permettant un retour au pays dans de bonnes conditions.

C’est la raison pour laquelle les armées américaine, britannique et canadienne ont bâti des dispositifs de prévention et de détection des problèmes d’ordre psychologique. Elles portent des noms différents (« Battlemind » pour l’US Army, « Operational stress management » pour l’armée britannique) mais restent voisines des nôtres dans l’esprit (les Royal Marines ont ainsi des référents de section dont le périmètre d’action est le même qu’en France).

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