L'Otan traque les économies afin de contrer les coupes dans les crédits militaires européens.
À son tour, l'Otan envisage de se serrer la ceinture: la crise budgétaire européenne et le spectre de coupes claires dans les crédits militaires hantent les calculs de l'Alliance atlantique à l'heure où elle peaufine sa feuille de route pour les dix années à venir.
«L'Otan doit dépenser plus intelligemment» parce que le contribuable européen ne comprendrait pas de payer deux fois, d'abord pour l'alliance occidentale et ensuite pour la politique de défense de l'UE, a fait savoir lundi Madeleine Albright, présidente d'un groupe d'experts internationaux chargé de préciser le cap jusqu'en 2020.
Le secrétaire général de l'Otan s'est lui-même inquiété d'«une situation économique qui tient de la gageure» à six mois d'un sommet qui fixera à Lisbonne le «Nouveau concept stratégique» de l'Alliance. Anders Fogh Rasmussen se soucie des coupes à venir en Europe et du fossé qui se creuse avec les capacités militaires des États-Unis.
Sous la conduite de l'ancienne secrétaire d'État américaine, les douze experts internationaux font justice à une demande insistante de Paris: la réforme administrative et le dégraissage du quartier général de l'Otan. L'objectif est clairement de faire des économies: «rationalisation du secrétariat international, réexamen des règles financières, diminution des coûts de fonctionnement du siège, réduction du nombre des comités et des agences».
La semaine dernière, un an après son grand retour dans le commandement intégré à Bruxelles, la France a rendu public les objectifs d'une «réforme en profondeur»: la réduction d'un tiers des 12 500 militaires des états-majors alliés. Dans un courrier récemment adressé au Pentagone, le ministre de la Défense, Hervé Morin, pointait déjà du doigt une structure de commandement «trop statique», des «redondances» entre états-majors et «l'activité mal évaluée de multiples agences». Paris souhaite que le régime d'économies soit arrêté au prochain rendez-vous des ministres, le 10 juin.
Inflation bureaucratique
Hors opérations, les structures de l'Otan font travailler 20 000 civils et militaires. À Bruxelles, le secrétariat civil et l'état-major international emploient près de 2 000 personnes. Le personnel du commandement intégré a déjà été réduit de 16 000 à 13 000 militaires ces dernières années.
Le fonctionnement quotidien de l'ensemble s'appuie sur 39 grands comités, dont le Conseil de l'Atlantique-Nord (politique), le Comité des plans de défense (militaire) et le Groupe des plans nucléaires. Ils se subdivisent eux-mêmes en 380 sous-comités et groupes de travail, une inflation bureaucratique dont la critique n'est pas réservée à la France.
Au-delà de ce gisement manifeste, le champ d'économie possible se réduit à une alternative peu séduisante: les budgets d'opérations militaires, naturellement jugés prioritaires à l'image de l'Afghanistan, ou les enveloppes d'équipement. Le groupe Albright s'inquiète déjà de ce que moins de la moitié des pays de l'Otan -tous européens d'ailleurs- consacrent à l'investissement les 20 % de leurs crédits militaires, comme le veut la règle.
Le Figaro
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