La force de l'ONU au Tchad et en Centrafrique (Minurcat) pliera bagages avant fin décembre conformément à la volonté du gouvernement tchadien, mais au grand dam des ONG et de certains pays membres qui s'inquiètent du sort des civils qu'elle était chargée de protéger.
Le Conseil de sécurité a adopté mardi à l'unanimité la résolution 1923 qui organise le retrait en deux temps de la Minurcat, d'ici au 31 décembre.
Selon le schéma approuvé, la composante militaire de la Minurcat, qui compte actuellement 3.300 soldats, sera réduite à 2.200 hommes -- 1.900 au Tchad et 300 en République centrafricaine (RCA) -- d'ici au 15 juillet.
A partir du 15 octobre, les forces restantes, ainsi que la composante civile de la mission -- environ un millier de personnes -- seront progressivement retirées jusqu'au 31 décembre.
En conséquence, le Conseil a renouvelé le mandat de la Minurcat jusqu'à la fin de l'année, tout en lui retirant la responsabilité de la protection des civils, tâche que le gouvernement tchadien veut se réapproprier.
La résolution note que N'Djamena "est déterminé à assumer l'entière responsabilité de la sécurité et de la protection de la population civile dans l'est du Tchad, y compris les réfugiés, les déplacés, les rapatriés et les communautés d'accueil, en accordant une attention particulière aux femmes et aux enfants, ainsi qu'aux personnels et aux biens des Nations unies et des organismes humanitaires".
Dans ce but, le Conseil fixe au gouvernement tchadien des critères à respecter au regard du droit international humanitaire.
Parmi ceux-ci, il énonce notamment "le retour et la réinstallation volontaires, dans des conditions sûres et durables, des personnes déplacées" et "la démilitarisation des camps de réfugiés et de déplacés".
Le Conseil charge le gouvernement tchadien et le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, de créer un groupe de travail mixte "qui évaluera chaque mois la situation sur le terrain" en matière de protection des civils et "la mesure dans laquelle le DIS (Détachement intégré de sécurité tchadien, ndlr) est capable de faire régner la sécurité".
La décision du Conseil découle d'un accord conclu le 23 avril à N'Djamena entre le Tchad et la Minurcat, à l'issue de négociations ardues. Le président tchadien Idriss Déby Itno s'opposait au renouvellement du mandat de la mission, qu'il considère comme un échec.
La Minurcat a été créée en 2007 pour assurer la sécurité des réfugiés et déplacés dans l'est du Tchad et en Centrafrique -- dont beaucoup de réfugiés du Darfour, province du Soudan voisin où sévit la guerre civile --, favoriser le retour volontaire des réfugiés et faciliter l'aide humanitaire.
Elle avait pris, en mars 2009, le relais d'une Force de l'Union européenne, l'Eufor. Cependant, elle ne s'est jamais entièrement déployée (ses effectifs autorisés sont de 5.200 militaires, dont 4.900 au Tchad, et 300 policiers).
La position du président Déby s'explique en partie par l'amélioration des relations entre son pays et le Soudan. Après des années de tensions, ils se sont engagés à cesser tout soutien à leurs mouvements rebelles respectifs et ont prévu le déploiement d'une force mixte à leur frontière.
Plusieurs agences de l'ONU et des ONG ont averti que le retrait de la mission pourrait provoquer un vide sécuritaire dans l'est du Tchad où les attaques contre les travailleurs humanitaires sont fréquentes.
Amnesty International a ainsi estimé, mardi dans un communiqué, que le retrait de la Minurcat "mettra en danger la sécurité de milliers de réfugiés et d'autres groupes vulnérables" dans la région, où vivent quelque 250.000 Soudanais, "165.000 Tchadiens déplacés et des centaines de milliers d'autres Tchadiens".
http://www.lepoint.fr/actualites-monde/2010-05-25/la-force-de-l-onu-au-tchad-et-en-centrafrique-va-plier-bagages/924/0/458990
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire