lundi 8 août 2016

Au Sud-Liban, la paix attend depuis 38 ans

À Naqoura, le temporaire dure finalement depuis presque 40 ans. Dans le sud du Liban, la force de maintien de la paix de l’Onu, la Finul (force intermédiaire des Nations unies au Liban) a débarqué en 1978. Ses 10 000 Casques bleus de 40 nationalités différentes sont toujours là et ne partiront pas tout de suite.
Dix ans après le début des affrontements entre Israël et le Liban, le 12 juillet 2016, le long de la « blue line », la ligne de démarcation que sont chargés de faire respecter les Casques bleus, le cessez-le-feu est globalement respecté. Mais la région vacille toujours : Liban sans président, Syrie rongée par une interminable guerre civile, négociations au point mort entre Israël et Palestine, terrorisme. Et ce statu quo sans accord de paix entre Beyrouth et Tel-Aviv.

Des bergers et des drones

Ici, la ligne bleue est sous surveillance 24 heures/24 heures, chaque jour de la semaine. Une centaine de patrouilles, statiques ou postées, sont effectuées quotidiennement, par les contingents de la Finul ou par les forces armées libanaises. Le centre des opérations conjointes (JOC, pour “joint opérations centre”) permet de les suivre en temps réel, au sol, dans les airs et sur terre, et de coordonner les informations qui remontent du terrain. Les cartes matérialisent aussi les check points ou les champs de mines, mortelles « surprises » laissées par Tsahal après la guerre de juillet en 2006 au Sud-Liban.
« On a quelques incursions, notamment des bergers qui traversent la ligne de démarcation là où elle n’est pas matérialisée. Parfois il ne se passe rien pendant plusieurs jours. Actuellement, la situation est plutôt calme. Mais comme on dit au Liban : « c’est calme jusqu’à ce qu’il se passe quelque chose ». « Tout est sous contrôle », relativise le commandant italien du JOC. Autre omniprésence : celle des drones israéliens.

850 militaires français

À quelques kilomètres d’une ligne de crêtes hérissée d’antennes radar qui marque la frontière avec l’état hébreu, quelque 850 militaires français sont engagés sur ce terrain d’opération libanais. Ils font partie de la force de réserve du commandant de la force onusienne, qui intervient en cas de violation de la blue line, côté israélien ou libanais.
Blindés légers, outils de déminage, matériel de transmission radar, équipes cynophiles, robots démineurs, missiles antiaériens Mistral, équipements de « type » CRS avec casque, jambières et bouclier pour la protection des populations, font partie du dispositif de l’armée française au service de la Finul. À Naqoura, mi-juillet, Jean-Marc Ayrault, le ministre des Affaires étrangères avait martelé : « La France restera engagée dans la Finul, et à une hauteur importante. » L’an prochain, le contingent comptera au moins 600 soldats.
L’accent est aussi mis sur la coopération avec l’armée libanaise. « La formation des forces militaires libanaises, leur montée en puissance fait partie du mandat de la Finul », explique le lieutenant Céline. « Il y a 10 ans, quand la guerre a éclaté entre le Hezbollah et Israël, l’armée libanaise était quasiment inexistante. Aujourd’hui, elle a progressé. En quantité et en qualité. Elle est devenue l’institution la plus respectée du pays », a répété le ministre Ayrault.

Un contrat à 3 milliards de dollars suspendu

Elle attend surtout une importante livraison de matériel militaire français. Problème : cette livraison d’armes et d’équipement, le Donas, dont le montant est de trois milliards de dollars, est financée par l’Arabie saoudite. Et Riyad a suspendu en février sa participation à cet accord tripartite en raison des positions de l’armée libanaise, trop proche selon elle des positions du Hezbollah. La modernisation de l’armée libanaise attendra.
Pour que la Finul lève enfin le camp, il faudrait que Beyrouth et Tel-Aviv signent officiellement un accord. « Ici, on ne s’attaque pas », dixit un militaire français. Mais on ne fait pas la paix pour autant

http://www.republicain-lorrain.fr/france-monde/2016/08/08/au-sud-liban-la-paix-attend-depuis-38-ans

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