dimanche 24 janvier 2016

Au cœur de Sentinelle, les Spahis veillent sur Paris

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Le dispositif Sentinelle rayonne sur Paris avec 6500 soldats, et 3500 dans le reste de la France. Les Français, on pourrait presque dire pour une fois, sont touchés et se montrent reconnaissants envers leurs militaires.

« Monsieur, votre métier je le kiffe ! » Cour d’honneur du Palais-Royal à Paris. Un ado d’une quinzaine d’années apostrophe avec bienveillance un Spahi. Une scène qui aurait paru presque surréaliste, il y a encore quelques mois. Sous leur treillis félin, avec gilet de combat, radio, Famas et casque lourd, les soldats du dispositif Sentinelle sont en première ligne de la lutte anti-terroriste, au contact de la population.
Depuis le 27 décembre 2015, ils sont ainsi 150 Spahis, du 1er régiment basé à Valence dans la Drôme, à avoir suivi leur chef de corps le lieutenant-colonel Maxime Do Tran, placé à la tête du dispositif au cœur de la capitale.
« Notre mission est de rassurer et protéger les Parisiens par notre présence » explique le lieutenant Alexis. Il patrouille ce jour-là autour du Louvre, avec trois de ses hommes. « Les gens s’arrêtent pour nous remercier. On nous sourit, on nous offre des cafés. On a une bonne cote de popularité. C’est agréable d’assurer la sécurité de personnes qui nous soutiennent. On sait pourquoi on est là, et on est content d’être là ».
Même les demandes de selfies se bousculent ! Propositions qu’ils déclinent poliment.
« Nous sommes là pour éloigner la menace, en apportant également un soutien aux forces de sécurité intérieure. »
Une mission qui ressemble à de nombreuses “Opex” qu’ils ont déjà assurées en Côte d’Ivoire, en Centre Afrique, en Nouvelle-Calédonie ou ailleurs de par le monde. Avec des conditions d’hébergement qui s’améliorent au fil des semaines et qui ne semblent pas les déranger. « On a connu bien pire » confient-ils toujours dans un sourire…
Un soutien que la mairie de Paris, reconnaissante, accompagne, en offrant télévisions et consoles de jeux pour les garnisons, entrées gratuites dans les musées, facilités pour assister aux spectacles… Quand les soldats sont en repos, leurs familles peuvent également leur rendre visite, mais en respectant des horaires stricts.
Seules les jeunes recrues avouent être un peu frustrées et ne cachent pas leur désir d’exotisme. Leurs aînés, eux, sont fiers : « Avant on veillait aux intérêts de la France, là on veille sur la population française ».

Des patrouilles aléatoires pour lutter contre la routine

IXe arrondissement. Le lieutenant Jérémy propose un parcours devant les grands magasins, sans jamais perdre de vue l’opéra Garnier, cœur de mission. « Les itinéraires de nos patrouilles sont toujours aléatoires. Déjà pour lutter contre la routine, puis pour ne pas être une cible. » Tout est scruté : « Les lieux, les gens, les regards, les mains, les sacs… ». Les soldats de Sentinelle ne sont pas concernés par les dispositions de l’état d’urgence et ne peuvent intervenir qu’en cas de légitime défense. Quand on évoque la peur, ils ne jouent pas les durs : « Oui, on a peur, mais elle nous sert. Il faut la maîtriser afin qu’elle nous soit bénéfique. Chez nous, la gestion du danger fait partie de notre entraînement, c’est le drill, comme on dit ! ».

Des cibles “privilégiées”

Ces Spahis, leur chef en est fier. Le lieutenant-colonel Maxime Do Tran, commandant de la base de défense de Valence et délégué militaire départemental de la Drôme, gère actuellement des unités venant de toute la France. Bien plus que les effectifs de son régiment ! Au fort de Vincennes, dans son bureau parisien pour six semaines, on se croirait presque à la caserne Baquet. Le toug, symbole de son commandement, a même fait le voyage… « Mon rôle est tactique , détaille le chef de corps. Je fais tout pour que les soldats assurent dans de bonnes conditions leurs missions. Ils sont répartis par zone dans Paris en fonction des réquisitions du préfet de police. Des sites emblématiques comme l’Hyper Cacher, ou le Bataclan sont effectivement objets d’une attention particulière. » De détails nous n’en aurons pas, secret de l’opération oblige. Une mission qu’il reconnaît être exigeante physiquement : « La préparation en régiment prend ici tout son sens ».
Tous les deux jours, le lieutenant-colonel tient d’ailleurs à se rendre sur le terrain. « Les gens ne savent pas que je suis le chef, ils voient juste un calot et me lancent des “Merci pour votre présence.” Des insultes ? Ça reste marginal. » En de tels cas, la réponse est intransigeante avec dépôt de plainte immédiat. Les soldats n’en demeurent pas moins une cible “privilégiée” : « Vous savez, quand on voit du kaki cela a un effet dissuasif. On essaie de préserver la vie de nos concitoyens alors oui, le risque est présent, mais surtout pour nos ennemis ».

http://www.ledauphine.com/france-monde/2016/01/23/au-coeur-de-sentinelle-les-spahis-veillent-sur-paris

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