dimanche 26 juillet 2015

«Quand il arrivait, il posait son revolver sur la table»

Ce dimanche, les anciens combattants et amis de la Résistance rendent hommage à Marcel Langer guillotiné, le 23 juillet 1943 à 5 h 40 dans la cour de la prison Saint Michel.
Comme les Bretons fraîchement débarqués à la capitale ont fait souche autour de la gare Montparnasse, les réfugiés Juifs d'Europe de l'est fuyant les persécutions antisémites puis l'avancée des Nazis avaient reconstitué, au fil des arrivées, une communauté Ashkénaze autour de la gare Matabiau à Toulouse. L'appartement du 27, avenue de Lyon, où vivait Charles Espstein alors âgé d'une quinzaine d'années, sa grand-mère Frieda, et Salomon Ochotnizki le second mari de Frieda, était ouvert aux nouveaux arrivants qui y trouvaient toujours une paillasse disponible pour passer une nuit ou deux. Ancien révolutionnaire Bolchevik, arrivé en 1939, Salomon Ochotnizki, était alors le plus ancien militant juif communiste de Toulouse. Son expérience des combats et de la clandestinité, acquise notamment lors de l'attaque de la prison de Moscou avant la révolution russe de 1917 en faisaient et un interlocuteur apprécie par Marcel Mendel alias Langer.
Au début des années «40», Langer a déjà fait le coup de feu contre les Anglais en Palestine. Au sein de la brigade polonaise puis de la 35e division de mitrailleurs, il a combattu aux côtés des Républicains Espagnols. Contraint de quitter l'Espagne après la victoire des Franquistes, il se replie à Toulouse. Mais l'ouvrier ajusteur aux ateliers de construction mécanique du Midi, a la lutte anti fasciste chevillée au corps. Il reprend contact avec ses anciens camarades de la Moi et entre dans la clandestinité. Avant 1942, il passe régulièrement au 27, avenue de Lyon, pour entendre parler yiddish, déguster des Matzeh Brah, des omelettes au pain Azymes préparées par Frieda, et discuter combats et clandestinité avec Salomon. «Quand il arrivait à la maison, il posait son revolver sur la table et me disait : Jung (le jeune en yiddish), va à la cuisine avec le chat et n'écoute pas ce que je dis», se souvient Charles Epstein.

Une valise d'explosifs à la main

L'adolescent regarde avec respect le combattant des Brigades internationales. «Il était costaud, très sympathique visiblement expérimenté lorsqu'il parlait de combat et, comme mon grand père, avait le coup de poing facile.» Après l'occupation de la zone libre en 1942, les passages de Marcel Langer avenue de Lyon sont moins fréquents. Pris pour un trafiquant du marché noir, il est arrêté en février 1943 en gare Saint Agne une valise d'explosifs à la main. Un faux pas dont il aurait pu se tirer. Car immédiatement après son arrestation, un des policiers ayant participé à l'interpellation a reconnu le personnage. «C'était un sympathisant communiste. Il a prévenu le commissaire qu'il s'agissait de quelqu'un d'important pour la Résistance et qu'il fallait le relâcher. Il a donc proposé à son supérieur de simuler une évasion. Mais le commissaire a refusé», raconte Charles Epstein. Marcel Langer a été guillotiné le 23 juillet 1943 à 5 h 40 dans la cour de la prison Saint Michel.

http://www.ladepeche.fr/article/2015/07/26/2150124-quand-il-arrivait-il-posait-son-revolver-sur-la-table.html

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