lundi 11 mai 2015

«Nos Transall sont à bout de souffle»

Crash d'un A400M en Espagne - Général Vincent Desportes, Professeur associé à Sciences Po, auteur, conférencier.
Quelles vont être selon vous les conséquences de cet accident pour l'armée française ?
Il faut d'abord rappeler que ce projet est le fruit d'une coopération européenne, qui a connu des vicissitudes avec de nombreux problèmes techniques de mise au point. Cela risque de porter un coup à la collaboration européenne. C'était un projet ambitieux qui faisait appel à des technologies nouvelles, mais chacun voulant ses spécificités, la réalisation de l'ensemble a été très compliquée.
Quels sont les besoins actuels de l'armée française en matière de transport aérien ?
L'A400 M était un avion qui se faisait déjà attendre depuis longtemps, qui aurait déjà dû rejoindre notre flotte. Nos Transall sont à bout de souffle, nos C 135 américains (Boeing) aussi. Nous disposons d'un matériel qui a vieilli, que nous avons usé jusqu'à la corde. Alors évidemment, si la production des A400M est suspendue, il faudra envisager de commander «sur étagère» (matériel qui est déjà éprouvé et disponible) des C 135 : le hic, c'est que cela va faire travailler des employés américains, au lieu d'employés européens.
À quoi sert ce type d'appareil dans la logistique militaire ?
Depuis 1996, l'armée française est essentiellement une armée expéditionnaire, qui se projette sur les théâtres d'opération, comme au Sahel ou en Afrique noire. Nous avons donc besoin d'aéronefs pour assurer ces projections, car c'est encore le moyen le plus rapide d'y parvenir. On peut bien sûr ensuite acheminer les hommes et le matériel par voie navale ou terrestre, mais quand il faut intervenir vite, comme au Mali, on a besoin de ce type d'appareils. Ils sont indispensables parce qu'aujourd'hui, on ne gagne plus seulement la guerre avec des hommes, mais aussi avec du matériel, pour les protéger. On a donc besoin de gros volumes : l'A 400 M a un volume largement supérieur à celui du Transall. Or, les engins au sol ont grossi, le VBCI (véhicule blindé de combat d'infanterie) est très lourd, le VBMR (véhicule blindé multirôle) bien plus que le VAB, tout cela nécessite donc de gros aéronefs. Nous risquons donc de nous retrouver avec un trou capacitaire très embêtant pour notre armée qui se trouverait en manque d'autonomie logistique. C'est important aussi pour Toulouse, où la 11e division parachutiste ne peut agir que si on a les moyens de la transporter
http://www.ladepeche.fr/article/2015/05/11/2102538-nos-transall-sont-a-bout-de-souffle.html

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