dimanche 10 mai 2015

Crash de Séville : Londres et Berlin clouent l'A400M au sol, Paris s'y refuse

Le crash ce samedi d'un Airbus A400M près de Séville, qui a fait 4 morts et deux blessés graves, ne restera sans doute pas sans conséquences. Les causes du premier accident mortel de cet avion de transport militaire, dont l'exemplaire détruit était destiné à la Turquie, ne sont pas encore connues mais déjà les  armées allemande et britannique ont décidé d'immobiliser temporairement leurs Airbus A400M.
«Après le crash de l'A400M près de Séville, il a été décidé samedi de suspendre jusqu'à nouvel ordre les vols d'entraînement de l'unique A400M des forces de défense allemande», a  indiqué ce dimanche un porte-parole de l'armée de l'air allemande. L'officier a précisé que   «depuis sa livraison en décembre, l'avion a volé de façon régulière».

Quatre A400M doivent être livrés à la France en 2015

En attendant les résultats de l'enquête d'Airbus sur les raisons de l'accident, la même mesure de précaution a été prise par Londres.  L'armée de l'air turque a, à son tour, suspendu les vols d'entraînement sur ses deux Airbus A400M après le premier accident mortel du nouvel avion de transport militaire européen, samedi en Espagne, a rapporté dimanche l'agence de presse Anatolie.

Les deux appareils livrés par Airbus à la Turquie ont été immobilisés temporairement «pour des raisons de sécurité», a précisé l'agence officielle. Au total, Ankara a signé un accord pour l'achat de 10 A400M d'ici à 2018. Deux ont été livrés l'an dernier et deux autres doivent l'être en 2015.

A Paris, en revanche, l'Etat major de l'armée de l'air a pris la décision de continuer à utiliser sa flotte d'avions A400M jugeant ne «pas avoir d'éléments à ce stade» pour l'immobiliser. La France dispose d'une flotte de six A400M et en a commandé 50 autres, dont quatre doivent être livrés en 2015.

«Nos avions ont une définition technique conforme validée par la DGA (Direction générale de l'armement, ndlr) et un entretien par nos mécaniciens. Nous ne ferons pas d'impasse sur la sécurité mais nous n'avons pas à ce stade de raison pour arrêter la flotte, a expliqué le Colonel Jean-Pascal Breton, le chef du service de presse de l'Armée de l'Air.

Le premier exemplaire de l'A400M a été livré à la France en 2013. Depuis, la Turquie, la Grande Bretagne, l'Allemagne et la Malaisie, premier client hors d'Europe, en ont également pris livraison. L'accident de Séville est un coup porté à l'image de cet appareil. «Ce n'était pas ce qui pouvait arriver de mieux à notre industrie», a indiqué sobrement le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, dont le pays est actionnaire du groupe aéronautique (4,13%) tout comme la France (11,99%) et l'Allemagne (10,94%).
Le programme a accusé de nombreux retards
Depuis son lancement en 2003, le programme européen de l'A400M a connu de nombreux déboires : retards de fabrication et à la livraison, dépassement de coût de 6,2 milliards d'euros (30% du budget) et querelles entre les clients et le constructeur qui avait même menacé de jeter l'éponge.

L'Allemagne s'est plaint de nombreux défauts dans le premier exemplaire qui lui a été livré en décembre 2014, avec quatre ans de retard sur le calendrier d'origine. Réagissant à ces critiques, Airbus a annoncé en janvier la réorganisation de sa branche aviation militaire avec le départ de son directeur, Domingo Ureña-Raso.

Airbus place éanmois de grands espoirs pour cet appareil qui arrive sur le marché quand ses concurrents américains sont en bout de course, notamment le C-130 conçu il y a plus de 50 ans. Au total, 174 exemplaires ont été commandés à ce jour, dont 50 par la France, 53 par l'Allemagne, 27 par l'Espagne et 22 par le Royaume-Uni.


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