mardi 13 janvier 2015

Les frappes françaises en Irak font l’unanimité au Parlement (ou presque)

Quelques jours seulement après les attentats qui ont frappé la France, députés et sénateurs se trouvent déjà devant un choix politique. Ce mardi, la séquence parlementaire se terminera avec le vote, à l'Assemblée puis au Sénat, sur la prolongation des frappes aériennes françaises en Irak contre l'organisation Etat islamique, qui ont débuté le 19 septembre. Un feu vert obligatoire pour toute intervention militaire française au-delà de quatre mois qui s’annonce acquis.
Tous les groupes politiques ont en effet annoncé qu’ils approuveraient la prolongation des frappes. Le chef des députés socialistes, Bruno Le Roux, a ainsi déclaré qu’il ne «[doutait] pas» de l’unanimité du vote. «Il est attendu dans une forme d'unanimité, dans la période», a-t-il affirmé. «Vaincre les armées djihadistes dans leur sanctuaire, c'est en partie couper l'alimentation du terrorisme sur notre sol. Cela ne suffit pas, mais c'est un élément particulièrement important», a ajouté le député de Seine-Saint-Denis.

Pas de Patriot Act pour les Verts

Du côté de la droite, Christian Jacob a précisé que les députés UMP voteront pour la prolongation de l'intervention des forces françaises en Irak. «Bien entendu dans les circonstances actuelles», les élus UMP se prononceront favorablement, a déclaré en conférence de presse celui qui sera dans l'hémicycle porte-parole de son groupe.
L'UDI fera de même. «Naturellement, le groupe UDI apportera son soutien au gouvernement pour la prolongation de l'intervention des forces françaises en Irak», a déclaré son chef de groupe, Philippe Vigier, à la presse à l'Assemblée nationale, mais son mandat «devra évoluer», en réfléchissant à «la problématique de la Syrie», et en faisant en sorte que «toute la communauté internationale se mobilise». «Cet engagement de la France est indispensable, pour défendre ses valeurs, dont on parle avec tant d'insistance depuis quelques jours», a-t-il ajouté.
Les députés écologistes voteront également en faveur de la prolongation des frappes. «Nous soutenons l'approche suivie depuis une semaine par le président de la République, le Premier ministre et le ministre de l'Intérieur, fondée sur le rassemblement et sans surenchère sécuritaire», a déclaré à la presse le coprésident du groupe François de Rugy. «Nous souscrivons à cette approche pragmatique plutôt qu'à une gesticulation qui déboucherait sur un Patriot Act à la française», a-t-il poursuivi.

Le bémol du Front de gauche

«Au-delà de l'amélioration du renseignement, qui fait consensus, il faut se demander quel processus amène une partie de nos jeunes à être en telle perte de repères», a dit, pour sa part, Barbara Pompili, l’autre coprésidente du groupe EELV. «La place de la langue arabe, de la culture musulmane, dans notre société, est très insuffisante», a-t-elle regretté. «Nous sommes pour désigner notre adversaire, qui est une forme de totalitarisme, une idéologie politique, et non une religion», a aussi dit François de Rugy.
La voix discordante est venue de l’extrême gauche, où le Front de gauche a annoncé par l’intermédiaire d’André Chassaigne qu’il s’abstiendrait lors du vote. Évoquant les nombreuses discussions internes sur la nature de ce vote, le président du groupe Gauche démocratique et républicaine à l'Assemblée a déclaré lors d'une conférence de presse mardi qu'il s'agirait d'«un vote d'abstention», car s'il faut «combattre les barbares», il faut «poser les questions de fond qui ne se limitent pas à la logique guerrière, (...) réfléchir au rôle de l'ONU dans cette intervention» et accompagner cette dernière d'une «voie diplomatique».
«Nous tenons à éviter les raccourcis et une forme d'unité nationale vers laquelle on voudrait nous conduire, qui ne tiendrait pas compte de la réalité des faits et du caractère insuffisant des solutions qui sont apportées par les pays concernés», a poursuivi le député. Plus généralement, les attentats qui ont eu lieu et le principe d'«unité nationale» qui domine depuis le discours politique «ne modifie(nt) pas notre point de vue par rapport au regard critique que l'on peut avoir sur les propositions gouvernementales», a-t-il prévenu, citant une nécessaire «objectivité (...) et une forme d'éthique».

http://www.20minutes.fr/politique/1516267-20150113-frappes-francaises-irak-font-unanimite-parlement-presque

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