mardi 20 janvier 2015

La dernière mission de La Meuse

« La Meuse appareille ». Le message se fait entendre dans tout le bâtiment. Il est un peu plus de 10 h. Le pétrolier ravitailleur de la marine nationale, amarré quai Milhaud, quitte la base navale de Toulon, la plus grande de France. La Meuse appareille. Mais ce n’est pas un départ comme tous les autres. « C’est le dernier déploiement opérationnel de La Meuse, il désarmera à votre retour », rappelle à l’équipage le vice-amiral d’escadre Philippe Coindreau, qui a accompagné le bâtiment pour sa sortie de la rade. En service depuis trente-cinq ans, La Meuse fera ses adieux à la mer dans quatre mois. « Bois Belleau, Harmattan, Héraclès », énumère le vice-amiral. Autant de noms de missions célèbres dans la Marine, et autant de « déploiements auxquels la Meuse a pris part ». Le pétrolier ravitailleur va pouvoir en ajouter une nouvelle à son riche parcours. « Je ne peux pas vous dire précisément de quoi sera fait Arromanches aujourd’hui », lance le vice-amiral Coindreau. « Mais je compte bien sur vous pour mener cette mission à bien. Les derniers événements nous ont rappelé violemment que l’engagement de la France au Moyen-Orient n’est pas une affaire vaine et la France compte sur vous ».

3.200 ravitaillements

Le groupe aéronaval, dans lequel s’insère la Meuse, et qui comprend également notamment le porte-avions le Charles de Gaulle, a appareillé de Toulon mardi dernier. Son déploiement dans le golfe Persique est planifié depuis plusieurs mois déjà. Dans le cadre de cette mission, La Meuse assurera l’ensemble du ravitaillement de la force, en carburant, et en vivres.
En trente-cinq ans d’existence, le bâtiment a réalisé environ 3.200 ravitaillements. L’approvisionnement d’autres navires en carburant est une manœuvre particulièrement délicate, qui demande énormément de concentration de la part des équipages. La Meuse peut assurer trois ravitaillements en même temps, à une vitesse d’environ 13 nœuds. Dans ce type de manœuvre, le hasard n’a évidemment pas sa place.
Les familles des marins ont été autorisées à monter à bord du pétrolier avant qu’il ne quitte pour quatre mois cette base navale où travaillent chaque jour 18.000 personnes. Les dernières embrassades émues se sont déroulées autour d’un petit-déjeuner, avant de redescendre sur le quai. Il faut rapidement reprendre son poste, et se tenir prêt au départ. Au dernier départ sur La Meuse. « Vous serez absents pendant quatre mois, vos familles restent sur place et vous soutiennent à la maison, soutenez-les vous aussi comme vous le pourrez car ce sont elles, sans doute, qui prennent la plus grosse part lors de ces absences, et nous vous aiderons si nécessaire », souligne le vice-amiral. La séparation est difficile, naturellement, mais les marins sont contents de partir, cela se voit. C’est l’objectif de leur engagement. Trois remorqueurs aident le pétrolier à s’éloigner du quai. Cette fois, c’est fait, La Meuse appareille pour la dernière fois. Les mots du commandant de la force d’action navale accompagnent le départ, à tout l’équipage il adresse ses vœux de « bon vent et bonne mer ».
http://www.estrepublicain.fr/actualite/2015/01/20/la-derniere-mission-de-la-meuse

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