lundi 14 juillet 2014

Le fantassin high-tech est formé à Draguignan

D’ici 2015, les régiments d’infanterie seront tous dotés d’un système révolutionnaire : « Félin ». C’est à Draguignan que sont formés les instructeurs des fantassins
Concentrés, des soldats ont les yeux plongés dans leurs jumelles. D'autres sont derrière leurs fusils de tireur d'élite équipés de lunettes. En position de tir. UItra-concentrés, ils écoutent les consignes d'un instructeur. Certains sont dans une salle de classe derrière un écran d'ordinateur. D'autres participent à une séance de simulation grâce au Sittal. Nous sommes à l'école d'application de l'infanterie (EAI) de Draguignan.
Dans cette véritable académie du fantassin, qui s'est installée dans le Var en provenance de Montpellier en 2010, des militaires, tous cadres, sous-officiers ou officiers, se forment pendant trois semaines au système Félin (Fantassin à équipements et liaisons intégrés) qui équipera d'ici 2015 la totalité de l'infanterie française. Soit vingt régiments, ce qui représente 18 500 soldats, précise Sagem, le fournisseur français. Après, ce sont eux qui vont, à leur tour, former leurs hommes dans leurs régiments.
Six mois d'acquisition, puis encore six d'appropriation, sont nécessaires avant d'envoyer l'unité en opération avec ce système. « Nous sommes là pour aider et accompagner les régiments à percevoir Félin », commente le lieutenant-colonel François Mariotti, directeur des études et de la prospective à l'EAI. « On évalue tout. Le combattant doit mener la mission jusqu'au bout et doit tout connaître par cœur. » L'exigence est telle que la moyenne pour les notes a été fixée à 66 % !
Le grenadier voltigeur combat en réseau
Du gilet électronique équipé d'un petit écran permettant de voir ses camarades sur la carte à une lunette de vision déportée qui permet au tireur de viser sans être vu en passant par un système de transmission d'images, ce système fait passer le fantassin français dans une autre ère. Car celui qu'on appelle encore le « biffin » dans le jargon militaire est devenu un soldat high-tech. Un militaire connecté. Désormais, le « grenadier voltigeur » combat en réseau. Avec son « interface homme-machine » (IHM) qui ressemble à un smartphone, le combattant connaît sa position personnelle, celle de ses camarades et celle des adversaires. Sur son petit écran, il reçoit des instructions ou des informations via des mini-messages types, et peut en envoyer. Il peut même, grâce à un bouton placé sur la poignée de son Famas, prendre en photo, de jour comme de nuit, une cible avec ses coordonnées GPS, sans quitter son objectif des yeux. Il l'envoie à ses supérieurs pour lever un doute, ou pour guider l'artillerie ou l'aviation au centimètre près. Il peut faire la même chose avec une petite vidéo.
Chuchoter grâce à la vibration des os
Il y a encore quelques mois, il fallait des dizaines de minutes pour faire la même chose !« La technologie permet d'avoir une vision très précise de la manœuvre et de partager très rapidement des positions adverses », estime le lieutenant-colonel Mariotti. Si son nom a une connotation animalière, ce n'est pas un hasard. Car avec cet équipement, le fantassin progresse et communique en toute discrétion. En effet, il n'a plus besoin de parler à voix haute dans la radio. Désormais grâce à un bandeau ostéophone, placé sur la tête, unique au monde, le soldat chuchote et se faire entendre par ses coéquipiers grâce à la vibration de ses os. « Le son est tout simplement de qualité symphonique », assure le lieutenant-colonel Patrick Gervais, chef de la section « combattant débarqué ».
Mais ce dernier, comme les autres cadres de l'école, relativise cette envolée technologique. Pour lui, « l'homme est au cœur des choses, et est secondé par la technique. Le système amplifie les qualités, mais aussi les défauts. »
Tout a été prévu, y compris les pannes ou défaillances. Le système Félin peut ainsi fonctionner en mode dégradé. « C'est pour cela que nos soldats doivent conserver et travailler les fondamentaux du combat, en sachant se passer de la technologie. »Apprendre la topographie avec une bonne vieille carte reste d'actualité !

http://www.nicematin.com/cote-dazur/le-fantassin-high-tech-est-forme-a-draguignan.1823144.html

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