Toques et Clochers célébrera à Tourreilles la mémoire d’un enfant de 11 ans qui jouait du tambour sur la frontière espagnole à la tête des armées de la Convention.
Comment réconcilier l’histoire et les vertus de l’exemple que celle-ci est censée transmettre quand il s’agit d’évoquer et par voie de conséquence de justifier le sacrifice de la vie d’un enfant de 11 ans, érigé en héros ? C’est à ce grand écart sur la corde raide de la mémoire collective que nos sensibilités sont invitées à se rallier au cours de la célébration de la fresque historique consacrée à la mort du petit tambour des armées de la République Pierre Bayle, dans le cadre de l’édition de Toques et Clochers qui aura lieu les 12 et 13 avril prochains, dans son village natal. Originaire de Tourreilles, joli village juché sur un promontoire au milieu des vignes, fils d’une famille de viticulteurs Pierre Bayle n’a pas eu le temps de choisir sa mort ni sa vie du reste. Dans la recomposition de sa brève existence qui durera un petit quart d’heure aux abords du village, on y verra le jeune garçon jouer à la guerre avec ses camarades, puis battre le tambour au milieu des adultes dans le bruit de la canonnade et de la mitraille, ses compagnons d’infortune, les soldats du 8e bataillon de l’Aude composé de 563 volontaires, chargé de défendre l’intégrité territoriale de la jeune République française à la frontière espagnole. Quand il apparaîtra dans le brouillard des fumigènes, montant à l’assaut d’une colline battant la diane pour étouffer le bruit du déplacement de l’artillerie aux oreilles de l’ennemi, il sera déjà trop tard. Le 1er novembre 1794 à l’aube d’un destin que la postérité gratifiera d’exceptionnel, un éclat d’obus lui emportera le visage et figera sa vie dans l’herbe mouillée d’une prairie verte face à une montagne de couleur rouge, le mont Roig, à l’ouest de Figueras. «Ce sera seulement suggéré», précise Jean Ribes, qui est le maître d’œuvre des mises en scène des spectacles de Toques et Clochers, et qui tient là un sujet d’envergure, étroitement lié à une page d’histoire écrite avec le sang d’un enfant du pays. Mais il n’est pas question d’exalter, bien sûr, les vertus du patriotisme sur le dos du jeune héros, qui aurait l’âge à un peu plus de 200 ans d’écart, de jouer à la guerre mais devant une playstation. «Ce fait d’armes comme d’autres événements qui sont parvenues jusqu’à nous fait partie de notre héritage culturel et de notre mémoire», insiste Jean Ribes. Les frontières de la jeune République fragile et vacillante et menacée d’invasion seront préservées au soir de la bataille. L’histoire, bonne fille a magnifié ce qu’il faut bien qualifier d’holocauste, la rencontre - prémonitoire et funeste entre le général Dugommier chef des armées sur cette partie du futur Empire et le jeune Pierre, mettant dans la bouche de ce dernier qui ne devait parler que quelques mots de patois une réplique digne de la tragédie grecque à l’adresse du général Dugommier. «Oserait-on manquer de foi lui aurait répliqué le garçonnet-interpellé sur la fermeté de son engagement Monsieur le général, quand on peut servir utilement son pays».
Le nom de Pierre Bayle, inscrit aux archives des Armées ainsi qu’aux Invalides comme le plus jeune héros de tous les temps mort pour son pays est aussi celui d’une famille.
Son père sous lieutenant qui avait fait les batailles d’Italie et de Savoie, son frère aîné Guillaume, caporal tambour ainsi que sa mère Marguerite vivandière, étaient engagés dans le même bataillon. La foi républicaine au ventre, prêts à mourir comme leur plus jeune fils «le petit pauvre pour l’amour de la liberté».
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