dimanche 23 février 2014

Les militaires du 1er RC de Thierville à l’assaut de la ville

Une ville entièrement reconstruite, à taille réelle. Tel est le décor que propose le centre d’entraînement aux actions en zone urbaine (Cenzub) de Sissone, dans l’Aisne. Ici une école, là une pharmacie, là encore une zone commerciale avec un gigantesque intermarché. Bien sûr, les bâtiments sont vides. Et personne ne vit ici. Mais c’est le terrain de jeu idéal pour des militaires bientôt projetés au Mali, en Côte d’Ivoire et peut-être même en Centrafrique. « Ces dix dernières années, les théâtres de combat ont changé. Nous sommes souvent amenés à prendre d’assaut une ville. Il faut dans ce cas faire attention à énormément de paramètres. En particulier les civils », souligne l’adjudant-chef Marc Perrin, instructeur au Cenzub.
La ville reconstruite sur plus d’un km² en 1999, a été cette semaine le terrain de jeu de la 7e brigade blindée regroupant entre autres le 35e régiment d’infanterie de Belfort, le 19e Régiment du génie de Besançon et pas moins de 60 hommes du Premier régiment de chasseurs.
Le but de la manœuvre : prendre une ville, défendue par la force adverse, jouée par des militaires qui connaissent le terrain par cœur… « Le plus difficile est de se coordonner. Dans les régiments, chacun fait ses manœuvres. Mais on travaille rarement avec d’autres armes… »
Premier sur les lieux : le génie. Ils doivent déminer le terrain. Ou enlever les obstacles dans les rues, posés par la force adverse. En renfort, pour les appuyer, des chars Leclerc et des véhicules blindés. Place ensuite aux artilleurs…

Mort d’un collègue en Afghanistan

Fumigènes pour ne pas se faire voir. Armés jusqu’aux dents, en file indienne, les hommes se pressent d’immeuble en immeuble. Sur les toits, des tireurs sont là en appui.
Chaque militaire a des capteurs électroniques sur son casque et son treillis. Les chars aussi en bénéficient. Un moyen de savoir si on a été touché. Blessé grave, blessé léger, mort. C’est un jeu. Mais tous savent ici que cela peut leur arriver en opération.
Le brigadier-chef Matthieu en sait quelque chose. Lui qui a combattu en Afghanistan, à Tora, de décembre à juin 2011. Il y a perdu un collègue : le lieutenant Matthieu Gaudin, du 3e RHC de Rouvres, âgé de 37 ans, tombé le 10 juin 2011. « Je n’oublierai jamais cette scène. Mon véhicule était juste devant le sien quand il a été tué. »
Autant dire que le brigadier-chef sait l’importance de l’entraînement, lui qui fait partie des escouades et participe à de nombreux combats débarqués.
Pour le colonel Nicolas Chabut, chef de corps du Premier régiment de chasseurs, cette manœuvre à Sissonne fait partie des « grands rendez-vous de l’année » pour son régiment. « Mes militaires visionnent leur action tous les soirs car ils sont filmés pendant l’assaut. Il y a un débriefing J’aime connaître leur ressenti ».
Fumigènes pour se cacher. Balles à blanc. Stratégies d’attaque modifiées au dernier moment par un chef d’unité conscient des difficultés rencontrées par ses hommes.
Les blessés sont rapatriés, un par un, tout comme les morts. Les ennemis ont tous quitté la ville. Le lendemain, les militaires devront faire face au retour des civils. Un autre exercice… « Ils peuvent par exemple être confrontés à un homme dans une foule, armé d’une ceinture explosive. On leur apprend à affronter ce genre de situation, que nous avons vécue ces dernières années, lors de nos opérations extérieures. »

http://www.estrepublicain.fr/actualite/2014/02/23/a-l-assaut-de-la-ville

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