mercredi 19 février 2014

Centrafrique : Marseille au coeur de Bangui

À la demande de la France et à la suite de la résolution des Nations Unies, l'Union européenne a souhaité intervenir au plus vite en République centrafricaine afin de prévenir la catastrophe humanitaire qu'entraînerait un nouvel embrasement du pays. Les 28 pays membres ont donné leur feu vert, le 20 janvier dernier, à une action militaire sur le terrain et décidé le 10 février d'en confier le commandement au général français Philippe Pontiès. Ce dernier a donc quitté Marseille où il dirige habituellement l'État-major de Force n°3 pour rejoindre le centre de commandement de l'opération baptisée Eufor-RCA situé à Larissa, à 4h de route au Nord d'Athénes. Dans un premier temps, il aura sous ses ordres environ entre 500 et 1000 soldats issus des six pays ayant répondu à cet appel international mais d'autres nations pourraient venir renforcer ce dispositif dans les heures et les jours qui viennent.
Quelle est la situation qui vous attend sur place ?
Elle reste très tendue et imprévisible. Se sentant toujours très menacées par les milices anti-balakas, les populations musulmanes tentent soit de migrer vers le Nord ce qui les oblige à traverser les secteurs chrétiens de Bangui, soit de se regrouper au Nord-Est de l’aéroport de M’Poko, espérant être évacués par des avions tchadiens. Or les anti-balakas restent lourdement armés et continuent à perpétrer règlements de comptes, pillages et destructions de biens. D’autre part, Bangui connaît de graves difficultés d’approvisionnement car l’axe routier la reliant au Cameroun n’est pas sécurisé. Tout cela nourrit la défiance de la population et explique le non-retour chez elles des personnes situées dans le camp de déplacés, près de l’aéroport. Ce camp constitue d’ailleurs un double défi humanitaire et opérationnel pour la force Eufor RCA car il abrite entre 70 000 et 100 000 personnes dans des conditions qui avec l’arrivée de la saison des pluies, peuvent rapidement tourner à la catastrophe sanitaire.

En quoi va donc consister l’opération dont vous avez la responsabilité ?
Nous devons permettre un retour durable des personnes déplacées et assurer une liberté de mouvement aux habitants comme aux humanitaires. Pour cela, il nous faut sécuriser l’aéroport et mener de nombreuses patrouilles permanentes et bien visibles dans une zone certes réduite mais très symbolique. Cela permettra à la Misca, la force africaine, de dégager des effectifs pour sécuriser l’axe logistique Ouest et lutter contre l’impunité; le but final étant de lui transférer des secteurs pilotes totalement désarmés qui pourront faire tache d’huile sur les secteurs voisins.

A quel moment serez-vous en mesure d’intervenir effectivement sur le terrain ?
Nous nous déploierons dès que le Conseil de l’Europe aura pris la décision de lancer l’intervention. Il attend pour cela le plan d’opérations auquel nous mettons la dernière main et que allons lui présenter dans les tout prochains jours. Il exige également des règles d’engagement précises, ainsi qu’une force appropriée, générée par les états membres et les nations invitées. Mme Ashton a évoqué un millier de soldats; c’est l’ordre d’idée. Une 1re conférence sur le sujet s’est tenue avec succès la semaine dernière; une seconde est prévue le 25 février. Il faut enfin un budget. Celui-ci a été fixé à 25,9 M d'euros et couvre la phase préparatoire de 3 mois puis le mandat de 6 mois maximum après que la pleine capacité opérationnelle a été atteinte. Ma responsabilité est de prononcer ces deux capacités. Raisonnablement, je vois la première pas après la fin du mois de mars, et la seconde pas après la fin du mois d’avril.


http://www.laprovence.com/article/actualites/2757999/centrafrique-marseille-au-coeur-de-bangui.html

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