mercredi 1 janvier 2014

2014, une année pour l'Histoire

1914-2014… La France commémore cette année le Centenaire du déclenchement de la Grande Guerre. Cent ans après ce conflit suicidaire qui plongea les pays les plus avancés dans un carnage sans précédent, elle aura aussi à cœur de rappeler le devoir de paix des anciens belligérants.
Dans les champs, les hommes se figent. 1er août 1914, quatre heures de l’après-midi… la cloche du village sonne, ininterrompue. Ce sinistre tocsin de la mobilisation générale. Sanglante moisson qui s’annonce, c’est le glas de leur monde, en fait. La mort industrielle qui convoque une France de paysans, d’artisans, d’ouvriers et leurs maîtres d’école. Mais qui pour le deviner ?
Hier, à Paris, l’extrême droite a assassiné Jaurès par la main de Raoul Villain et les derniers mots de paix se sont éteints. Après-demain, l’Allemagne déclarera la guerre à leur patrie. Depuis le temps que ça couvait de surenchères diplomatiques en rodomontades militaires… «Il fallait en finir» : l’expression qui revient en boucle dans la bouche de ces 3 580 000 Français appelés à faire leur devoir, et que les trains acheminent vers les casernes tandis que femmes, enfants et vieux finissent de rentrer le blé.
Il fallait en finir… Aujourd’hui, 1er janvier 2014, chacun sait ce que fut cette fin : un suicide collectif ; une vertigineuse escalade conjointe du progrès et de la barbarie, chaque belligérant étant au surplus convaincu de sauver la civilisation en repoussant les limites de la sauvagerie.
France, Russie, Royaume-Uni, Belgique, Japon, Portugal, Italie et États-Unis d’un côté, sans oublier les colonies. Allemagne, Autriche-Hongrie, empire Ottoman et Bulgarie de l’autre… 60 millions d’hommes engagés sur tous les fronts et, quatre ans plus tard, quinze millions de morts, dont un 1,5 million de soldats français sur 8,5 mobilisés, sans compter les millions de blessés, de gueules cassées…
En France, pays qui subit l’essentiel des combats et des destructions, de la Marne au Chemin des Dames en passant par Verdun et la bataille de la Somme, le carnage n’épargna pas une famille. Et la mémoire reste d’autant plus vive aujourd’hui dans notre région, sans doute parce que les pantalons rouges de Cahors, Montauban et Agen furent parmi les premiers massacrés, à Bertrix, le 22 août 1914… Mais au-delà ?
Si 1914 nous parle toujours en 2014, c’est aussi parce que les poilus de la République ont survécu à la «der des ders» pour voir l’extrême droite finir de dévaster l’Europe et le monde, en se nourrissant des rancœurs du traité de Versailles, du chômage de masse et en séduisant industriels et grands financiers. Car «14» engendra aussi «40» : 60 millions de morts de plus, comme les buts de guerre d’un Hitler glorifiant le racisme étaient bien restés ceux de Ludendorf, en 1918.
Et en 2014 ? «Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre» rappelait Churchill alors que cette année d’élections européennes verra aussi la célébration du 70e anniversaire de la Libération.
Salué même par ses opposants, le discours de François Hollande a su s’élever à cette hauteur, le 7 novembre dernier, à l’occasion du lancement du Centenaire de la Première guerre mondiale pour rappeler aussi ce qui lie à travers l’histoire, 1914, 1944 et aujourd’hui. «Ces deux événements arrivent à un moment où la France s’interroge sur elle-même et son avenir», a rappelé le chef de l’État qui entend donc cette année «saisir la force des générations qui nous ont précédés, afin de faire leçon de vie pour les suivantes».
Mais au-delà, c’est aussi le «plus jamais ça» que la France voudra honorer en cette année historique. Ainsi, 72 pays belligérants de la Grande Guerre seront invités au défilé du 14-Juillet et l’entrée en guerre du 3 août 1914 sera célébrée «dans la gravité» en présence du président allemand Joachim Gauck tandis qu’un hommage sera rendu le 11 novembre à tous les combattants avec l’inauguration du mémorial de Notre-Dame de Lorette. L’occasion pour tous les Français et les Européens de se souvenir que deux guerres et 75 millions de morts jugent les nostalgies nationalistes et les Déroulède d’aujourd’hui.

http://www.ladepeche.fr/article/2014/01/01/1785998-2014-une-annee-pour-l-histoire.html

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