Vous allez annoncer aujourd’hui l’abandon définitif du logiciel de paiement des soldes Louvois, à l’occasion de votre visite au 93e régiment d’artillerie de montagne de Varces. Par quoi sera remplacé cet outil défectueux ?« Le logiciel Louvois, installé en 2010, mis en œuvre en 2011, correspond exactement à ce qu’il ne faut pas faire dans un système aussi complexe que la solde de nos armées. Sa mise en place a été précipitée, confuse et a abouti à un désastre. Certains ne percevaient pas leur solde ou la percevaient deux fois. Le système était fou. Nous avons mis en place des outils de transition, d’urgence. J’annoncerai à Varces que le système Louvois n’est pas réparable. Nous lançons un appel d’offres pour un nouveau système. Cet appel d’offres, instruit par la Direction générale des armées (DGA) sera géré comme un programme d’armement et testé avant d’être mis en place. Cela va prendre plusieurs mois mais nous aurons un dispositif sérieux qui ramènera la sérénité aux militaires. »
Finalement, vous voilà contraint de réparer une grave erreur commise par votre prédécesseur…« Ce n’est pas mon genre d’alimenter la polémique. J’assume l’héritage. Cette initiative était invraisemblable, elle a été lancée au mépris de nos soldats auxquels la Nation doit des excuses que je fais ici. »
Les députés vont voter aujourd’hui la loi de programmation militaire (LPM) qui acte la suppression de 23 500 postes. Demain, la France aura-t-elle encore les moyens de faire face aux nouvelles menaces ?« L’objectif de la LMP, c’est de préparer nos armées aux menaces de demain qui sont la prolifération nucléaire, le terrorisme, l’instabilité des États, le cyber-risque (NDLR : attaques informatiques) et la surprise stratégique. Le budget de la Défense a été sanctuarisé. Il s’élève à 190,6 milliards d’euros pour la période 2014-2019. En 2019, la Défense comptera 242 000 personnels dont 187 000 militaires. Nous serons toujours la première armée d’Europe, y compris par l’effectif. Cette armée doit être bien équipée et bien entraînée. La LPM prévoit le maintien des grands programmes en cours comme le Rafale, l’avion de transport A 400M, les sous-marins nucléaires ou les frégates. Nous allons acquérir 14 avions ravitailleurs, engager le programme Scorpion de modernisation de l’équipement, renforcer nos capacités de renseignement et d’observation grâce à des drones et au satellite Ceres. Les forces spéciales seront renforcées. Nous sommes l’un des rares pays à ne pas baisser notre enveloppe budgétaire de Défense. »
Dans les prochains jours, la France va s’engager en Centrafrique. Quel est l’objectif ?« La Centrafrique, un pays plus grand que la France, est entrée dans une forme de chaos où des milices s’affrontent et multiplient les exactions. La situation humanitaire est dramatique et il existe une tendance à l’affrontement confessionnel entre chrétiens et musulmans. De plus, il ne faudrait pas qu’une zone grise s’instaure au cœur de l’Afrique. La situation est différente du Mali où nous étions confrontés à une offensive structurée de djihadistes. Demain mercredi, une nouvelle résolution des Nations unies fixera mission à la force africaine Misca et aux forces françaises d’intervenir. L’objectif est de rétablir une sécurité minimale et de favoriser la montée en puissance de la Misca. Nous mobilisons un millier d’hommes pour une période de montée en puissance de 4 à 6 mois puis de retrait progressif de 4 à 6 mois. »
Pendant ce temps, le Nord du Mali reste instable. Le calendrier de retrait de nos troupes y sera-t-il tenu ?« Il y a un an, le Mali allait être totalement conquis par des groupes djihadistes. Des exactions épouvantables étaient commises à Gao et Tombouctou. Aujourd’hui, le Mali a retrouvé la paix civile, des élections ont eu lieu, les groupes djihadistes ont été arrêtés et lourdement attaqués. Il ne reste que quelques poches sensibles dans la région de Kidal. La France possède encore 3 000 hommes sur place. Nous allons descendre très rapidement pour arriver à une présence d’un millier. »
Libye, Côte d’Ivoire, Mali, Centrafrique… La France est-elle le gendarme de l’Afrique ?« Les Africains ont compris qu’ils doivent prendre leur sécurité en main. Ils ne sont plus dans la dépendance. La France les soutient. Elle est le partenaire de leur sécurité. C’est l’esprit du sommet de l’Élysée pour la paix et la sécurité qui se tiendra à Paris du 5 au 7 décembre. »
Certains estiment que vous feriez un excellent Premier ministre. Partagez-vous leur analyse ?« C’est très flatteur mais il y a un Premier ministre en exercice déterminé et courageux. Je fais partie de son équipe et je me sens très bien dans ce que je fais. La défense est une tâche très forte qui nécessite une mobilisation de tous les instants. »
Comment réagit le président François Hollande face à l’impopularité et à la critique ?« Le président est très déterminé. Il a fixé un cap : rétablir les comptes publics, retrouver la croissance et l’emploi. Il s’y tient. Le contexte est très difficile mais les Français finiront par s’apercevoir que le cap était le bon. Nous sommes en crise. François Hollande est le contraire d’un démagogue. Derrière un comportement empathique et enjoué, il a une forte volonté. »
http://www.leprogres.fr/france-monde/2013/12/02/la-france-gardera-la-premiere-armee-d-europe
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