Pour la première fois depuis son arrivée mercredi, l'armée française a tué jeudi matin des hommes armés non identifiés qui avaient ouvert le feu sur leurs positions au niveau de l'aéroport de Bangui. "Des hommes armés dans un pick-up ont ouvert le feu hier matin (jeudi) sur les positions françaises déployées à l'aéroport de Bangui", a déclaré le colonel Gilles Jarron, porte-parole de l'état-major des armées françaises. "On a riposté, le pick-up a été détruit et les assaillants ont été tués", a-t-il ajouté sans fournir de précisions sur le nombre et l'identité des assaillants. "On ripostera à chaque fois qu'on ouvrira le feu sur les positions françaises". Quelque 2.000 personnes ont trouvé refuge à l'aéroport de Bangui, a-t-il précisé.
Quelque 92 morts et 155 blessés, par arme blanche ou par balle, ont par ailleurs été enregistrés dans un hôpital de Bangui depuis le début d'une vague de tueries jeudi dans la capitale centrafricaine, selon un bilan établi par MSF.
"Cette intervention sera rapide"
"Cette intervention sera rapide"
Concernant l'opération elle-même, le ministre de la Défense a confirmé vendredi matin que l'intervention française n'avait pas vocation à durer, laissant entendre qu'elle pourrait se limiter à six mois. Les objectifs français - sécurisation du pays, aide au déploiement de la force multinationale africaine - sont-ils atteignables en six mois ? "Ce n'est pas exclu", a répondu Jean-Yves Le Drian au micro de de RFI vendredi. Un prolongement est-il envisageable ? "Ce n'est pas dans la logique de ce que nous avons décidé, (de ce) qu'a décidé le président de la République, c'est une phase transitoire", a encore estimé le ministre. La veille, le chef de l'Etat avait indiqué: "Cette intervention sera rapide, elle n'a pas vocation à durer, et je suis sûr de son succès".
L'armée française a lancé son opération en Centrafrique avec un renforcement dans un premier temps des patrouilles dans Bangui. "L'opération a commencé, dans la mesure où les forces françaises qui étaient déjà présentes à l'aéroport de Bangui, avec une mission limitée à la protection de cet aéroport et de nos ressortissants, dès cette nuit, ont développé des patrouilles dans Bangui", a déclaré le ministre de la Défense. Jean-Yves Le Drian a ajouté que "par ailleurs une compagnie est arrivée de Libreville (la capitale du Gabon) hier soir et aujourd'hui un détachement d'hélicoptères sera sur zone, avec parallèlement la montée en puissance de la force multinationale africaine", alors que "la nuit a été calme".
Le Conseil de sécurité de l'ONU a donné son feu vert jeudi à une force composée de soldats africains et français rétablir l'ordre en Centrafrique. Le président français François Hollande a annoncé dans la soirée une action militaire "immédiate" de la France après le vote de l'ONU. Jeudi, avant à l'aube, de violents affrontements ont éclaté dans le nord de la capitale. "Des groupes armés ont lancé une offensive sur la ville. Les forces de l'ex-Séléka (ex-rébellion, au pouvoir) ont rétorqué", selon Médecins sans frontières (MSF).
Dans l'après-midi, les journalistes de l'AFP ont comptabilisé au moins 54 cadavres rassemblés dans une mosquée du centre-ville, et 25 cadavres gisant dans les rues voisines, abandonnés sur le bas côté. Les corps portaient des marques de blessures à l'arme blanche et par balles. A l'hôpital communautaire de Bangui, MSF avait recensé 50 morts en fin de journée.
La Centrafrique est plongée dans le chaos et un engrenage de violences communautaires et inter-religieuses entre chrétiens et musulmans depuis le renversement en mars du président François Bozizé par une coalition hétéroclite à dominante musulmane, la Séléka.
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