vendredi 27 décembre 2013

Centrafrique : l’armée française ne peut pas tout faire

Combien de morts ? Qui tire sur qui ? Qui peut ramener l’ordre ? Quelle solution politique ? En attendant la réponse à ces questions, l’armée française a paré, hier, au plus pressé. Quelque 600 soldats de l’opération Sangaris se sont déployés à l’aube pour sécuriser les quartiers de Gobongo, proche de l’aéroport au nord de Bangui, et à Pabongo, un quartier sud de la ville où des échanges de tirs avaient eu lieu dans la nuit « Le but est de dissuader », a expliqué l’un des patrons de l’opération Sangaris, le lieutenant-colonel Sébastien Pelissier.
L’origine de ces violences restait largement inexpliquée jeudi, des habitants parlant d’une attaque de miliciens « anti-balaka » (milices chrétiennes d’auto-défense) sur des éléments du contingent tchadien. L’armée française n’a donné aucune explication. Signe qu’elle ne peut pas tout faire pour arrêter le massacre et rétablir la stabilité.

Civils et soldats tchadiens tués

Au moins une dizaine de civils ont été tués dans cette nouvelle flambée de violences si l’on se fie au recensement des corps à l’hôpital de la Croix Rouge. Mais le bilan s’annonce beaucoup plus lourd au vu de la quarantaine de corps retrouvés dans ces quartiers. « On ne peut pas savoir combien de victimes ont fait les événements. Les gens n’osent pas ramener les morts », a expliqué une responsable de Médecins sans frontières (MSF) en Centrafrique, Marie-Elisabeth Ingres. Cinq soldats tchadiens de la force africaine Misca ont également été tués pendant ces affrontements : leurs corps carbonisés ont été retrouvés au pied de leur véhicule. Leur présence dans la force africaine est plus que jamais remise en cause. Un millier de personnes ont été tuées depuis le 5 décembre à Bangui et en province. Un charnier a également été découvert aux portes de la ville avec au moins vingt corps.
Dans une tribune publiée par le journal Le Monde, l’archevêque de Bangui, Mgr Dieudonné Nzapalainga, et l’imam Omar Kobine Layama ont appelé l’ONU à déployer « de toute urgence » une force de maintien de la paix.
Les « progrès réalisés depuis le déploiement des 1 600 soldats français début décembre, en soutien aux 4.000 de la Misca, sont fragiles, et les troupes ne sauraient porter ce fardeau à elles seules » selon les deux leaders religieux, qui ne cessent d’appeler à la réconciliation depuis des mois : « Nous craignons que faute d’une réponse internationale plus importante, notre pays ne soit condamné aux ténèbres »,

http://www.estrepublicain.fr/actualite/2013/12/27/centrafrique-l-armee-francaise-ne-peut-pas-tout-faire

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