Une famille soudée
Des centaines de personnes s’étaient donné rendez-vous devant l’église de Linselles, dimanche après-midi, pour rendre hommage au caporal Thomas Guillebault, décédé au Niger, jeudi. Le jeune homme de 21 ans a été victime « d’un tir accidentel déclenché par un soldat français » (lire notre édition de samedi). Une photo agrandie de Thomas est posée sur un des murs de l’édifice religieux. Julien, son frère, militaire également en mission au Mali, échange quelques mots avec le maire, Jacques Remory. Digne, il ne peut s’empêcher de glisser : « Si c’était à quelqu’un que ça devait arriver, c’était à moi. » Certaines personnes se pressent pour témoigner leur soutien auprès de la famille, soudée mais effondrée. « J’avais vu son grand-père, Roger, la semaine dernière. Il me disait être inquiet pour ses deux petits-enfants militaires. Je n’y crois pas », sanglote Alain, un ami de longue date de cette figure du PS linsellois. D’autres, plus discrets, sont en retrait, les yeux rougis, attendant que le cortège se mette en marche.
Ses funérailles auront lieu vendredi
Il est un peu plus de 15 h. Les cloches de l’église sonnent sous ce ciel bleu et ensoleillé comme pour illuminer un peu cette triste journée de deuil. En tête du cortège, les amis, proches et Aude, la petite amie de Thomas, vêtue d’un treillis, défilent avec photos et tee-shirt à l’effigie du jeune homme. Le silence qui entoure la marche est pesant. Tous se dirigent dans le quartier des Glycines où Thomas a grandi, passé toute son enfance, sa jeunesse. « J’étais avec lui au collège Matisse. On se voyait tout le temps », témoigne un de ses amis. Parmi des dizaines d’autres qui ont initié cette marche. « Il avait la main sur le cœur, témoigne, émue, une autre. On pouvait toujours compter sur lui. » Le silence se brise, juste l’instant d’un mot, d’un souvenir, pour rappeler l’enfant, l’adolescent, le jeune homme que Thomas était. Et l’homme qu’il aurait pu être… La foule se masse alors devant ce petit balcon, d’une résidence des Glycines. Le grand-père de Thomas, Roger Deraed, prend la parole. Les mots sont difficiles. « On a perdu un enfant, un petit-enfant, un cousin, un petit ami, sanglote ce papy, effondré. On est soutenu, vous nous soutenez, ça fait chaud au cœur. » Les gens applaudissent, laissent éclater leurs larmes. Julien, le frère, prend alors la parole. La tête haute, la voix ferme, les mots s’enchaînent. « Thomas, mon petit frère, mon frère d’armes va laisser un énorme vide dans chacun de nous. Il est parti en homme, en soldat, c’est la seule pensée qu’il faut avoir. Il a donné sa vie pour son pays, son drapeau, pour des valeurs qu’il respectait, déroule l’aîné, sans trembler. Cette journée, cette solidarité resteront à jamais gravées. Il n’y a pas de mots pour décrire une telle douleur. Il faut garder la tête haute, la vie continue. »Le corps de Thomas est arrivé, hier soir, à Dijon où était basé le para. Une cérémonie à titre posthume lui sera rendue jeudi, et son enterrement aura lieu à Linselles vendredi, indique Julien dans ses dernières paroles. Alors, lentement, par petits groupes, la foule se disperse, non sans avoir glissé un petit mot, un geste, une pensée à toute la famille de Thomas. Pour ne pas l’oublier.
http://www.lavoixdunord.fr/region/a-linselles-pres-d-un-millier-de-personnes-rendent-ia26b58806n1814081
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