lundi 4 novembre 2013

Journalistes tués au Mali : Fabius annonce des "opérations en cours"

Ghislaine Dupont et Claude Verlon, les deux journalistes français de RFI enlevés samedi, ont "été assassinés froidement" par balles par des "terroristes", selon Paris. La gendarmerie malienne affirme qu'une dizaine de suspects ont été interpellés.

  • Des opérations d'identification en cours selon Fabius
Des opérations sont en cours au Mali depuis dimanche pour tenter de retrouver les assassins des deux journalistes français de RFI tués samedi dans le nord-est du pays, a déclaré lundi matin sur RTL le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius.  Elles ont pour but d'"identifier un certain nombre de personnes dans des campements". "A partir de là, il y a eu des interrogatoires. Au moment où je m'exprime il n'y a pas encore d'identification précise", a-t-il ajouté. Il n'y a pas  eu de revendication, à l'heure actuelle, on n'a pas de certitude sur qui a commis ces assassinats" a précisé le ministre.
Incertitude sur des interpellations
Des suspects ont-ils déjà été arrêtés ? Les versions divergent ce lundi matin. Europe 1 a tout d'abord affirmé que cinq suspects auraient été "interpellés dimanche soir dans des camps où sont maintenus les anciens rebelles du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA)". Selon la radio, ces cinq suspects seraient en ce moment entre les mains des forces françaises et devraient être transférés à Gao.  Sur i>TELE, la directrice de RFI, Cécile Mégie, a également assuré que des arrestations avaient eu lieu. La gendarmerie malienne parle quant à elle d'une dizaine d'interpellations.

Mais le ministère français de la Défense a cependant rapidement démenti l'information, tandis que Laurent Fabius s'est dit incapable de la confirmer ou de l'infirmer.
D'après nos informations, au moins cinq personnes ont bien été arrêtées, à environ 40 kms de Kidal.
"Indications permettant de remonter la trace", selon l'entourage du ministre de la Défense

Les forces françaises disposent "d'indications permettant de remonter la trace" des meurtriers, a indiqué lundi matin une source proche du ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian. "Nous avons un certain nombre d'indications qui nous permettent de remonter la trace et nous espérons pouvoir y parvenir", a indiqué cette source.
Des gendarmes français sur place
Comme le veut la procédure quand des Français sont tués à l'étranger, des policiers français vont se rendre. Le parquet de Paris a ouvert samedi une enquête préliminaire pour des "faits d'enlèvement et séquestration suivis de meurtres en lien avec une entreprise terroriste". L'enquête, placée sous l'autorité du parquet de Paris, a été confiée à la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) et à la sous-direction antiterroriste (SDAT).
  • Les corps de Ghislaine Dupont et de Claude Verlon bientôt repatriés
Les corps des journalistes Ghislaine Dupont, 57 ans, et Claude Verlon, 58  ans, ont quitté Kidal à bord d'un avion de l'armée française qui s'est posé à l'aéroport de  Bamako dimanche soir. Leur rapatriement en France devait être organisé au plus tôt ce lundi.
  • Que sait-on de leur assassinat ?
Ils étaient en reportage à Kidal, au nord-est du Mali, entre deux interviews. Ils ont été enlevés samedi "par un petit commando" devant le domicile d'un responsable touareg qu'ils venaient d'interviewer. Leurs corps ont ensuite été retrouvés à 12 km de Kidal. Ils ont "été assassinés froidement" par des "groupes terroristes", "l'un a reçu 2 balles, l'autre 3 balles", a indiqué le ministère des Affaires etrangères, Laurent Fabius. 
D'après le témoignage d'Ambéry Ag Rhissa, le représentant du MLNA que les journalistes venaient d'interviewer et qui a assisté à l'enlèvement, les agresseurs parlaient tamachek, la langue des Touareg. Mais les regards se tournent aussi vers Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), très présente dans la région malgré la présence des troupes françaises.
  • Et pourquoi ?
Les meurtres de Ghislaine Dupont et de Claude Verlon sont intervenus quatre jours après la libération de quatre otages français, détenus par Aqmi pendant plus de trois ans dans la région. La presse française évoquait dimanche l'hypothèse d'un différend financier entre groupes armés autour de la rançon qui aurait été versée (20 millions d'euros selon certaines sources) pour obtenir la libération des quatre otages français.
"Est ce que la répartition des rançons versées a été équitable ? Il n'est pas impossible que certains au sein d'Aqmi se soient sentis grugés", explique l'ethnologue André Bourgeot, spécialiste des mouvements touaregs dans la région. Les journalistes enlevés ont-ils pu être exécutés alors que les ravisseurs tentaient d'échapper à leurs poursuivants ? Selon le porte-parole de l'état-major français, le colonel Gilles Jaron, les forces françaises basées à l'aéroport de Kidal, alertées de l'enlèvement, ont envoyé une patrouille et deux hélicoptères sur zone, mais ont découvert les corps des deux journalistes sans avoir vu ou affronté les meurtriers. 

• RFI et les journalistes sous le choc
A la rédaction de RFI, pour laquelle les deux journalistes travaillaient, l'émotion, la tristesse et la colère est toujours très vive ce lundi. Au cours du week-end, RFI a diffusé de la musique classique à la place de ses programmes, barré son logo d'une bande noire, et affiché les portraits des journalistes décédés. "La presse entière est affectée par ce drame dans l'exercice de nos métiers. Un métier à risque mais un métier qui ne vaut pas d'y laisser la vie", a déclaré Cécile Mégie à des journalistes. "Nous voulons que toute la lumière soit faite sur ce qui s'est passé hier", a ajouté la directrice de la radio. Le journaliste qui travaillait en face de Ghislaine Dupont a témoigné dimanche sur TF1
 

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