vendredi 2 août 2013

L'armée française va perdre 36 000 postes d'ici 2019

Le projet de budget de la Défense a fait l'objet d'un bras de fer entre le ministère soucieux de conserver une armée opérationnelle et Bercy. L'Etat va ralentir les livraisons de Rafale.

L'armée française va maigrir, rigueur oblige. Le projet de loi a fait l'objet d'un bras de fer entre le ministère de Jean-Yves Le Drian, soucieux de conserver une armée opérationnelle et Bercy. Le projet de budget de la Défense présenté vendredi en conseil des ministres prévoit la suppression de près de 34.000 postes sur les six prochaines années. La Loi de programmation militaire 2014-2019 décline les recommandations formulées dans le Livre blanc remis en avril dernier à François Hollande et vise un équilibre entre la nécessité de préserver l'outil militaire et la participation à la rigueur budgétaire.

Sur ses quelque 280.000 emplois, la deuxième armée d'Europe va en perdre 23.500 en raison des objectifs fixés par le Livre blanc, auxquels viendront s'ajouter 10.175 postes restant à supprimer au titre de la précédente réforme. Le total de suppressions de postes s'élèvera donc à 33.675 à raison d'environ 7.500 par an dans les premières années. Les forces de combat seront relativement préservées puisqu'elles ne perdront qu'environ 8.000 postes, soit un tiers du total des suppressions supplémentaires prévues par la loi de programmation. Les quelque 16.000 postes restants seront prélevés dans les emplois administratifs.

Le scénario noir évité
 
Ce projet de loi, qui sera débattu par le Parlement à l'automne et que le gouvernement espère faire adopter avant la fin de l'année, a fait l'objet d'un bras de fer entre le ministère de la Défense, soucieux de conserver une armée opérationnelle, et ceux de l'Economie et du Budget, préoccupés avant tout par la nécessité de réduire les déficits. "À la suite du Livre blanc, ce projet respecte un équilibre entre les deux impératifs qui s'imposaient à nous : celui de notre autonomie stratégique et celui de notre autonomie budgétaire, qui est un autre enjeu de souveraineté pour la France", déclare le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, dans son introduction au document présenté en conseil des ministres.
    
Servi par le succès de l'intervention militaire française au Mali, le ministère de la Défense a réussi à convaincre Bercy de faire preuve de retenue et de remiser dans un tiroir le fameux "scénario noir". Ce dernier prévoyait la vente du porte-avions Charles de Gaulle, la suppression de 30 régiments, l'arrêt des chaînes de l'avion de combat Rafale de Dassault Aviation et l'abandon de l'avion de transport européen A400M, développé par Airbus Military, la filiale d'avions militaires d'Airbus (groupe EADS ).  Toutefois, l'Etat va ralentir fortement les livraisons d'avions de combat Rafale, les limitant à 26 pendant les six prochaines années, contre 11 par an jusqu'à présent.

Ce budget sera finalement gelé à hauteur de 31,4 milliards d'euros pour les trois prochaines années, soit son niveau 2013, représentant 11,3% du budget total de l'Etat. Les ressources consacrées à l'effort de défense sur la période 2014-2019 sont chiffrées à 190 milliards d'euros, 183,9 milliards provenant de crédits budgétaires et 6,1 milliards de ressources exceptionnelles.
 

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