samedi 10 août 2013

La Mémoire de 14-18 au rythme des sabots

Verdun, 1916. La ville est la cible principale des offensives allemandes. La stratégie ennemie est alors d’affaiblir le moral des Alliés. Mais ce calcul sous-estime le pouvoir de résistance des Français. Malgré de nombreuses offensives lancées à Verdun et ses alentours, l’ennemi ne parviendra pas à avancer en terres meusiennes. La bataille de Verdun aura été l’une des plus sanglantes de la Grande Guerre. Ici, ce sont 306 000 hommes, Français et Allemands confondus, qui perdront la vie. 410 000 autres sont blessés et les multiples offensives laisseront le paysage meurtri à jamais. « 10 000 hectares de forêt, neuf villages entièrement détruits (deux ont été reconstruits), 60 millions d’obus tirés, dont 15 à 20 % n’explosaient pas… » , souligne Guillaume Rouard, guide animateur nature dans la forêt domaniale de Verdun.
Pour découvrir ou redécouvrir la Mémoire de ces monuments, vestiges et paysages, l’office de tourisme du Pays verdunois propose de remonter le temps à bord de son « Omnibus » attelé à deux chevaux de trait comtois. Quarante-cinq minutes de balade commentée, au son des sabots, pour s’immerger dans la zone rouge de la bataille de Verdun.
Départ à l’Ossuaire de Douaumont, construit de 1920 à 1932 avec la forme d’une épée plantée dans le sol, où reposent les ossements de nombre de ces hommes tombés pour l’honneur de la France. En contrebas, le cimetière militaire de l’ossuaire. Ses 15 000 tombes, autant de rosiers, encadrés par les monuments dédiés aux soldats israélites et musulmans.
Cap sur la petite route forestière qui mène aux « Quatre cheminées », un abri creusé sous la crête de Froideterre qui tient son nom des quatre cheminées d’aération visibles depuis la route. « La forêt est récente. Tout a été reboisé de résineux, pins et épicéas, après-guerre. Depuis quarante ans, nous avons commencé à réintroduire des feuillus dans cette immense forêt, et particulièrement l’essence typiquement meusienne qu’est le hêtre » , raconte Guillaume Rouard.

Batraciens dans les trous d’obus

L’abri des « Quatre Cheminées », poste de commandement de la brigade, frappé le 23 juin 1916 par une terrible offensive durant laquelle les blessés seront pris au piège des bombardements et des gaz.
Dans la verdure qui a désormais recouvert les horreurs de la guerre, se trouve la plus grosse station d’orchidées « bourdons » du champ de bataille. Les amphibiens – grenouilles, tritons et crapaud sonneur à ventre jaune – ont élu domicile dans les trous laissés par les obus, devenus d’idéales zones humides pour cette faune. Au terme de la balade, l’ouvrage de Froideterre, construction bétonnée pouvant contenir près de 142 hommes, dotée d’une casemate de Bourges et d’une tourelle à éclipse.
Au fil de la balade, le visiteur pourra replonger dans la mémoire des villages rayés de la carte par la guerre. Aujourd’hui, des plaques ont été installées à l’emplacement de chaque maison, magasin ou bâtiment public. Chaque village a sa chapelle et son conseil municipal (un maire et deux adjoints) pour préserver sa mémoire.

http://www.republicain-lorrain.fr/actualite/2013/08/10/la-memoire-de-14-18-au-rythme-des-sabots

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