lundi 29 juillet 2013

Restructuration des armées : le 3e Génie sur la sellette

APRÈS les déboires du CSSA, on pensait que les Ardennais avaient eu leur quota de mauvaises nouvelles pour 2013. Il n'en est rien. Depuis quelques jours, l'inquiétude s'est déplacée du stade Dugauguez à la caserne Dumerbion de Charleville-Mézières. Un fonctionnaire proche des militaires évoque « un grand pessimisme » sous les képis carolos. L'information est venue de Paris. Elle a été transmise de manière officieuse à Benoît Huré. Le président du conseil général, qui se dit « très préoccupé », en a informé plusieurs élus. Selon lui, le « 3 » figure parmi les sites condamnés dans la prochaine Loi de programmation militaire (LPM), qui sera dévoilée vendredi. Celle-ci traduit sur le terrain les recommandations stratégiques du Livre blanc de la Défense, rendu public le 29 avril, concernant la période 2014 -2019.
« En tête de peloton »
« Le choix a été fait de supprimer 24 000 postes pour cette période (*), rappelle Benoît Huré. Cela ne sera pas possible sans supprimer des régiments. Dix sites ont donc été choisis pour fermer, et le 3e Génie en fait partie. Il serait même en tête de peloton… » Un départ qui serait un coup de massue pour Charleville-Mézières. Fort de plus d'un millier de militaires, le « 3 » est un des plus gros poumons de la ville. Il représente près de 2 000 habitants en comptant les conjoints et les enfants (environ 600). Les trois quarts de ces foyers vivent au chef-lieu. Écoles, commerces, services, entreprises (les militaires en font travailler une cinquantaine) : la disparition du régiment aurait des répercussions énormes. Sans compter ce que les militaires, qui sont aussi des contribuables, injectent comme recettes fiscales dans les caisses… Benoît Huré résume les trois conséquences majeures qu'aurait leur départ. « Il y a d'abord un enjeu de défense nationale : nous sommes nombreux au Sénat à penser qu'il y a un seuil minimal de militaires en dessous duquel il ne faut plus descendre, car le monde a rarement été aussi dangereux, et le risque terroriste aussi élevé. Ensuite il y a l'immense implication des militaires dans la vie socio-économique, en termes d'emplois ou d'aménagement du territoire. Fermer le régiment reviendrait à porter un coup très dur à Charleville-Mézières et aux Ardennes. Enfin, on ne peut ignorer l'attachement des Ardennais à l'armée. Ici le militaire est le symbole de celui qui a ramené la paix et la liberté. » Avant qu'il ne soit trop tard, Benoît Huré appelle à une nouvelle « union sacrée », comme au printemps 2008. Cette année-là, le couperet était tombé tout près, et avait finalement emporté le Centre d'entraînement commando de Givet. Dans les années 80, Sedan avait déjà perdu le 12e régiment de chasseurs à cheval. Dumerbion est la dernière caserne ardennaise encore occupée par des militaires. Les hommes du « 3 » y sont installés depuis 1947. À l'heure où on leur demande de rendre leur bail, le moment est venu, selon Benoît Huré, de sonner la « mobilisation générale ».
* En plus des 55 000 postes pour la période 2009-2014, dont 10 000 restent encore à trouver.

http://www.lunion.presse.fr/region/restructuration-des-armees-le-3e-genie-sur-la-sellette-jna0b0n165706

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