samedi 2 février 2013

"Les États-Unis admirent l’initiative de la France"

Quel bilan faites-vous de l’opération Serval?
En tant que responsable du Pentagone, je peux vous dire que très peu de pays dans le monde ont la capacité de prendre seuls une initiative sécuritaire de grande envergure, et la France est l’un de ceux-là. C’est ce que nous admirons et nous savons à quel point c’est dur. C’est vrai aussi que nous n’aimons jamais agir seuls et que l’on est plus fort avec d’autres. Voilà pourquoi nous sommes heureux d’aider notre vieil allié français dans ses efforts. Mon mot français préféré, c’est "audace".

Pourquoi, malgré tout, avoir attendu deux semaines pour envoyer des avions ravitailleurs afin d’aider l’armée de l’air française dans ses opérations au Mali?
Il n’y a aucune hésitation de notre côté pour savoir s’il fallait aider cette opération française. Nous sommes reconnaissants à la France de l’avoir entreprise et nous savons qu’il s’agissait d’une opération qui servait nos intérêts mutuels. Sauf que notre système de prise de décision repose sur de longues délibérations et que le Président doit respecter un certain nombre de procédures qui paraissent interminables. Or fournir une assistance en ravitaillement en vol équivaut pour nous à une participation à des opérations de guerre, qui nécessite de passer par un circuit d’autorisations élaboré dans lequel notre argumentaire doit être sans failles. Au Pentagone, comme à la Maison-Blanche, je le répète, il n’y a eu aucune hésitation, nous étions conscients de l’enjeu stratégique de cette affaire.
Comment réagissez-vous au fait que les Européens aient été si peu nombreux à aider la France ou à offrir si peu d’aide?
C’est ce qui rend l’action de la France encore plus admirable! J’espère que, dans les années à venir, chacun aura à cœur de réfléchir sur ses besoins stratégiques – c’est toute l’utilité chez vous du Livre blanc – et sur ce que chaque nation peut faire en fonction de son budget. Les Français et les Américains doivent comprendre que la sécurité n’est pas gratuite, qu’elle a un coût, et que cela suppose des investissements conséquents pour agir avec efficacité.
 

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