jeudi 6 décembre 2012

Soldats français. De retour d'Afghanistan, 7% souffrent de troubles psychiques

Le Service de santé des armées (SSA) évalue à 550 le nombre d'anciens combattants "qui souffrent d'un trouble psychique en relation avec leur déploiement en Afghanistan". Ce lundi, avait lieu le 1er séminaire sur la prise en charge des "traumatismes psychiques dans les armées", à l'hôpital du Val-de-Grâce à Paris
Souffrance psychique
Ces troubles sont généralement liés à la confrontation avec la mort, où au spectacle horrible qu'elle provoque, comme lors de la découverte de charniers. "Globalement, lorsque l'on suit une brigade ou un bataillon qui rentre sur six à neuf mois, on a entre 6% et 7% de personnels qui ont un trouble psychique, pas forcément un état de
stress post-traumatique, mais qui ont une souffrance psychique", souligne le médecin-général Jean-Paul Boutin.
Des combats plus durs et de lourdes pertes depuis 2008
Le nombre d'anciens d'
Afghanistan en souffrance dépend bien sûr de l'intensité de l'engagement lors de leur déploiement dans ce pays. C'est à partir de 2008 que les Français ont connu leurs affrontements les plus durs et leurs plus lourdes pertes. "A partir du moment où l'intensité des combats auxquels a participé l'armée française s'est développée, le nombre de nos soldats qui ont pu être traumatisés psychiquement a arithmétiquement augmenté, souligne le médecin-général. La réponse doit donc être adaptée, au sens du réseau de soins que nous devons mettre en place".
Un phénomène longtemps tabou
Longtemps tabou, le problème est désormais largement exposé par les armées, qui encouragent au contraire les militaires à confesser leurs souffrances psychiques.
Le traumatisme survient brutalement, lors d'une action de combat, d'un accident, parce qu'un soldat a vu un camarade tomber à ses côtés ou que le véhicule dans lequel il se trouvait à sauté sur un engin explosif improvisé. Mais la détection des troubles se heurte encore au sentiment de "honte" et de "culpabilité" qu'ils entraînent chez ceux qui en sont atteints.

Les médecins d'unité en première ligne
Un plan d'action a été lancé en 2011 dans les armées pour renforcer la formation des médecins d'unité, les mieux placés pour détecter les premiers troubles, et sensibiliser les militaires au stress opérationnel. "Une mission a d'autant plus de répercussions psychiques qu'elle n'a pas de sens. Il faut expliquer le sens de la mission", martèle le médecin chef Laurent Martinez, chef du service de psychologie de la Marine.

Des troubles qui peuvent survenir des années après le choc
Les médecins soulignent l'importance du suivi des anciens d'
Afghanistan, y compris après leur départ de l'armée : les troubles pouvant se manifester plusieurs mois, voire des années après le choc psychologique.
Un dispositif de suivi des familles avant le départ, pendant et après le retour d'opération, a également été mis en place par le SSA. Et le renforcement du dispositif libère la parole. "Avec le processus qu'on a mis en place pour mieux encadrer les combattants d'
Afghanistan, des militaires sont venus exprimer une souffrance qui datait du Rwanda ou de la Bosnie. Ils sont venus nous parler maintenant d'un problème dont ils n'avaient jamais osé parler", constate le médecin-général Boutin.
Reconnues comme blessure de guerre depuis 1992, les "blessures psychiques" ont, selon les services des affaires sociales, donné lieu à l'octroi de 1.100 pensions militaires d'invalidité en dix ans, sur 1.600 demandes déposées

http://www.letelegramme.com/ig/generales/france-monde/france/soldats-francais-de-retour-d-afghanistan-7-souffrent-de-troubles-psychiques-04-12-2012-1930493.php

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